Comme le feu nous plonge dans les tribulations de l’amitié et comment la proximité coupée du monde peut attiser les passions et faire ressortir les vieilles rancunes. On traine souvent avec certaines personnes pour des raisons qui ne sont pas toujours nobles ou inconscientes. Dans son film, Philippe Lesage va jusqu’au bout choses, jusqu’à l’implosion lente. Pour cela, il met à mal ses acteurs dans un espace et des éléments parfois dangereux. Comme pour éprouver la maxime « La vie est un long fleuve tranquille » – En soi, l’espoir que le calme et le bonheur dominent. Pour rester la tête hors de l’eau, il faut rester en surface et faire équipe avec les autres, penser collectif, ravaler ses rancœurs et faire front. Sans cela, c’est la chute et se boire la tasse !

C’est peut-être en cela que le savoir-vivre ensemble est nécessaire. Mais il faut savoir dissocier les différents silences, comme celui qui ne fait qu’être une mise sous silence imposée ou une expression du malaise. Et il y a ceux qui ne disent mot, mais qui voient tout. Par leur geste et action, leur silence est plus percutant qu’un long prêche ou un grand discours.
La beauté des paysages
Côté réalisation, le film est magnifique pour ses paysages, le savoir-faire du détail. Comme ces micros expressions et petits gestes qui viennent annoncer les choses. On devine aisément le hors champs par ces micros éléments, on arrive à percevoir plus que ce qui est dit ou suggéré. Quant à la photographie, elle est sublime, le réalisateur propose de vraies nuits noires et non des bleutés ou rougeâtres.
Et la beauté artistique ne se limite pas à l’image, mais aussi dans le choix des musiques et le traitement de la bande son. On a une vraie introduction aussi grandiose que celle de Shining de Kubrick, avec une musique organique et qui bouillonne jusqu’au viscère. Alternant le Root Américain et la folk Cajun, la musique accompagne la narration et la traversée des personnages.
Une histoire avec des personnages et des histoires dans la grande histoire
La réalisation laisse suffisamment d’espace pour réfléchir, prendre la décision de suivre un arc ou un autre. On peut suivre les péripéties de chacun des personnages, voir l’histoire de leur point de vue, comme suivre celle de Jeff (Noah Parker) courant après Aliocha (Aurélia Arandi-Longpré).
Dans un autre arc narratif, suivre la relation qui va mal de Blake (Arieh Worthalter) et Albert (Paul Ahmarani) : en proie à une guerre d’égo et des reproches pour l’amitié mise à mal par les choix de vie et de carrière pris par l’un comme l’autre.

La construction du film
La réalisation de ce film s’est appuyée sur un scénario inspiré d’une expérience personnelle de Philippe Lesage. Les relations entre les personnages, en particulier entre Jeff et Aliocha, ainsi qu’avec le mystérieux Blake, sont au cœur du film. Jeff, 17 ans, est secrètement amoureux d’Aliocha, et tous deux admirent Blake, un ami de longue date du père d’Aliocha.
Le réalisateur a accordé une grande importance au choix des acteurs. Arieh Worthalter, choisi pour le rôle de Blake, a été découvert après une première rencontre via Zoom où ils ont improvisé ensemble. Cette rencontre a solidifié la base du casting, incluant Paul Ahmarani pour le rôle d’Albert, Noah Parker pour celui de Jeff, et Aurélia Arandi-Longpré pour Aliocha. Chaque acteur a apporté une énergie particulière à son personnage, chacun ayant une présence distincte et une couleur spécifique.
La mise en scène utilise des plans-séquences pour maintenir la tension et améliorer le jeu des acteurs. Lesage encourage la réappropriation des dialogues, permettant des improvisations qui apportent une fraîcheur inattendue. Cette approche vise à capturer des moments de grâce sur le plateau, reflétant une vérité émotionnelle qui dépasse le script initial. Ce procédé permet de révéler des nuances inattendues dans les relations entre les personnages, enrichissant ainsi la dynamique narrative du film.
On peut suivre l’histoire d’un couple, d’un autre et même prendre des personnages peu présents ensemble à l’écran pour écrire d’autres récits.
Un vrai film proposant plusieurs récits et point de vue ; Comme le feu représente le cinéma de la vie !
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31 juillet 2024 en salle | 2h 41min | Drame
De Philippe Lesage |
Par Philippe Lesage
Avec Noah Parker (II), Aurélia Arandi-Longpré, Arieh Worthalter
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2 réflexions sur “Comme le feu – Les tribulations de l’amitié mise à l’épreuve en terrain hostile”