Sons, l’amour d’une mère et le quotidien d’une prison


Le film propose une idée intéressante, mais la mise en pratique est labyrinthique. On sent la tentative de montrer le visage d’une mère désemparée d’être face à l’assassin de son fils ; tout le film est dans un flottement total à l’image de cette femme qui jusqu’à la fin va vouloir se venger.

L’esthétique est belle, le jeu un peu glacial (la prison n’offre pas beaucoup d’éclaircie, pourtant le passage entre les deux unités dévoile un vrai contraste entre l’hyper sécurisé et le secteur offrant plus d’autonomie.

La réalisation de Sons prend racine dans la fascination de Gustav Möller pour l’univers carcéral. Pour lui, la prison est un espace riche en symboles et archétypes, abritant des personnages aux comportements extrêmes. Ce lieu propice à la dramaturgie offre une toile de fond unique pour raconter une histoire originale. Le réalisateur voit la prison comme un miroir de la société, reflétant ses structures et ses valeurs. On découvre le récit d’une mère face à l’assassin de son fils. On film la violence d’une manière crue et poétique à la fois. Dévoilant le récit d’une femme dans un monde professionnel souvent prédestiné aux hommes (dans l’inconscient populaire).

Avant le tournage, il et son coscénariste Emil Nygaard Albertsen ont mené des recherches approfondies en visitant des prisons et en parlant avec divers acteurs du milieu carcéral. Ils ont particulièrement exploré la perspective des gardiens de prison. Martin Sørensen, ancien gardien, a joué un rôle clé en tant que consultant, apportant une profondeur psychologique au film.

Une prison inversée

Le film se distingue par son concept de « prison inversée » : Eva, la protagoniste, est une gardienne de prison mais, émotionnellement, elle est aussi emprisonnée. Cette dualité est accentuée par le fait qu’on ne la voit jamais hors de l’uniforme ou de la prison. L’actrice Sidse Babett Knudsen a collaboré étroitement avec le réalisateur, apportant des nuances subtiles à son personnage.

Dans un entretien, le réalisateur révèle le long processus de casting pour trouver Mikkel, mais Sebastian Bull Sarning a finalement été choisi pour son énergie enfantine et brutale. Le tournage s’est déroulé dans des décors naturels diversifiés, principalement à la prison désaffectée de Vridsløselille. La chef décoratrice Kristina Kovacs a brillamment créé une impression de labyrinthe, assurant une continuité visuelle cohérente.

Le film est bien loin du mastodonte The Guilty (2021), mais permet de suivre les méandres de la psychologie d’une femme brisée.

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Note : 3 sur 5.

10 juillet 2024 en salle | 1h 40min | Drame, Thriller
De Gustav Möller | 
Par Gustav Möller, Emil Nygaard Albertsen
Avec Sidse Babett Knudsen, Sebastian Bull Sarning, Dar Salim
Titre original Vogter

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