Une réflexion sur le monde, le cinéma et la Beauté. Cette dernière nous impose de clignoter des yeux pour ne pas devenir aveugle. Cette suite d’image, de collage et de superposition nous emporte dans ce fragment de réalité entre Marilyn Monroe, Charlie Chaplin, tout en passant par Bowie. Les images parlent d’elles-mêmes, les sons aussi, mais mis bout à bout, redonne un autre sens, comme pour rappeler l’importance de savoir regarder et entendre pour ne pas se faire berner par l’effet Koulechov.

Après avoir marqué les esprits avec Annette en tant que film d’ouverture du festival de Cannes 2021, Leos Carax, propose un nouveau film rendant un hommage introspectif au cinéma et à sa propre vie. Répondant à une question du musée Pompidou, il s’interroge sur son parcours et son univers personnel. En s’inspirant de Rimbaud, il crée un autoportrait unique, un « autoportrait vu de dos« , où il explore ses influences, ses proches et ses inspirations.

Le réalisateur utilise des images d’archives, des séquences tournées au téléphone, et des voix marquantes comme Nina Simone et Barbara. Ce film est un hommage aux voix et aux figures qui l’ont influencé, tout en critiquant les figures autoritaires contemporaines. En travaillant seul au montage, il propose une œuvre profondément personnelle et sincère, où il se questionne sur la vérité, le mensonge et le regard dans le monde moderne, tout en rendant hommage à l’art cinématographique.

Une exploration profonde et poétique de son monde intérieur et de ses influences. Un « autoportrait vu de dos », une vision introspective évoquée par la phrase onirique : « comment se fait-il que je me vois dans ce miroir, alors que j’ai les yeux fermés? » Le film rend hommage à des figures marquantes comme Nina Simone et Barbara, et critique les dirigeants actuels qu’il appelle « Les salauds ricanent ». Par l’évocation de ces « hommes forts » comme Poutine et el-Assad, il montre leur impact dévastateur en se référant à la notion d’ »humiliés & offensés » de Dostoïevski. Il conclut avec une réflexion sur la vérité et le mensonge dans le regard, citant Ozu : « il fallait se laver les yeux entre chaque regard ».

C’est pas moi est un film qui entrechoque, un film qui réveille l’esprit, ce montage rapide ne permet pas de rêvasser ou de s’assoupir. Le film lui-même propose un moment d’égarement dans la pensée d’un être qui aime le cinéma et rend hommage à l’Art et la réflexion.

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12 juin 2024 en salle | 0h 42min | Biopic, Drame
De Leos Carax | 
Par Leos Carax
Avec Denis Lavant, Ekaterina Yuspina, Loreta Juodkaite