Love Lies Bleeding, quand l’amour se hurte aux névroses et aux démons du passé.


Dans Love Lies Bleeding, la réalisatrice Rose Glass explore les thèmes du crime, de la romance et des dynamiques de pouvoir dans les relations intimes. Elle juxtapose l’amour passionnel et la violence destructrice, tout en questionnant les stéréotypes des personnages féminins forts. Le film présente Lou, une solitaire gérante de salle de sport, et Jackie, une culturiste ambitieuse, dont la relation tumultueuse les conduit dans une spirale de violence. Rose Glass met en lumière les aspects toxiques de l’amour et son potentiel à susciter à la fois excitation et terreur.

On a pensé à Benedict (Charles Dance) et le Ripper (Tom Noonan) dans The Last Action Heros en découvrant la performance d’Ed Harris.

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Un film aussi sombre que sa photographie remarquable. On ressort bluffé par la prestation des deux actrices : Kristen Stewart et Katy O’Brian. Ed Harris est terrifiant et sa gestuelle et ses mimiques. Tout est mis en place pour faire de lui quelqu’un d’imposant en esprit et en corps.

Un film organique au montage déroutant ! Le film montre combien l’amour peut pousser des gens à faire des choses stupides. Les différents protagonistes semblent se battre contre la fatalité qui semble toujours vouloir les mettre à terre. Les différentes protagonistes fuient leur démon, leur passé. Il y a cette idée persistante qu’en amour, on se donne tout et on fait des choses qui dépassent la logique humaine.
On peut mentir, on peut se battre et même aller au parricide. Cette dernière idée paraît extrême, mais ce film n’est que noirceur et contraste, montrant que l’amour est parfois la seule chose qui reste dans un monde voué à se casser la gueule. Même en voulant aimer de toutes ses forces, il y a les névroses et le passé qui vont ronger l’espace entre les deux pôles, laissant naitre un gouffre sans fond.

L’amour est cette éternelle envie de combler quelque chose qui ne s’emplit jamais.

Chacun veut faire quelque chose pour l’autre, mais autrui ne comprend pas forcément les motivations de l’autre et va ajouter une couche supplémentaire de problèmes. Cette représentation de la vie selon Rose Glass et Weronika Tofilska (co-scénariste) rappelle énormément celle de Tarantino dans Pulp Fiction, mais sans le côté déjanté. Ici, la vie est faite de corps tantôt musclés, tantôt géant ; elle n’est pas simplement une série de sketchs, mais une suite de shoot d’adrénaline. Il en faut bien pour lutter contre la masculinité toxique illustrée dans Love Lies Bleeding, où les femmes en prennent plein la gueule de la part de mec qui ne pensent que par la force des bras.

Comprendre ce titre, c’est comprendre beaucoup de choses, Love Lies Bleeding évoque la douleur et la beauté de l’amour. Love d’une part représente les sentiments forts et passionnés, la partie opposée Lies Bleeding suggère une grande souffrance, comme une blessure ouverte. Ce contraste montre que l’amour peut être à la fois merveilleux et douloureux. Le titre peut aussi faire référence à une fleur appelée « amarante queue-de-renard » (en anglais « Love-Lies-Bleeding »), symbolisant la persistance et la tragédie de l’amour.

Des muscles et l’Amérique des années 80-90

Le film marque un changement de style par rapport à son premier long métrage, Saint Maud, mais conserve des thèmes récurrents comme la quête de transformation personnelle. Contrairement à l’atmosphère claustrophobe de premier bébé, Love Lies Bleeding se déroule dans un décor américain des années 80, un choix délibéré pour refléter une époque d’excès avant l’ère nihiliste des années 90. La réalisatrice et sa co-scénariste Weronika Tofilska situent le film dans un monde de culturisme et de stéroïdes, soulignant les dangers de l’ambition démesurée et de l’artificialité.

Influencée par des œuvres variées, de Showgirls à Paris, Texas, elle crée une vision unique de l’Amérique, à la fois réaliste et fantasmée. Elle examine les clichés et les réinvente, notamment à travers les personnages de Lou et Jackie, un couple inédit de criminelles dont l’amour passionnel est à la fois leur force et leur faiblesse. Rose Glass utilise cette dynamique pour explorer la complexité des relations humaines et les tensions entre désir et danger.

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Une équipe créative de choc

La cinéaste se démarque par son approche visuelle distinctive, collaborant avec le directeur de la photographie Ben Fordesman pour capturer l’esthétique des années 80, et avec la chef décoratrice Katie Hickman pour créer des décors palpables et réalistes. Le film, ancré dans un environnement sordide et oppressant, reflète la vision singulière de Rose, où l’amour et la violence coexistent dans une danse troublante et fascinante.

Un film troublant, fort et beau, à ne pas réduire aux versants LGBT+. Nous avons également un long discours sur la toxicité des pères castrateurs et d’une société où l’on confond beauté du corps et force (abusive) physique.

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Note : 4.5 sur 5.

12 juin 2024 en salle | 1h 44min | Romance, Thriller
De Rose Glass | 
Par Rose Glass, Weronika Tofilska
Avec Kristen Stewart, Katy O’Brian, Jena Malone


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