On a vu pour vous Maria avec Anamaria Vartolomei


Un film sur le cinéma, le jeu de l’actor studio quand la réalité nous est détestable et trop dur. On ne joue pas, mais on devient le personnage. Au-delà de la performance percutante d’Anamaria Vartolomei dans le rôle titre, aux côtés de la touchante Céleste Brunnquell. La réalisatrice Jessica Palud dévoile un biopic sur la vie de Maria Schneider qui ébranle les consciences sur l’importance de créer des œuvres d’art en respectant les femmes, les hommes. La question qui ressort de ce film est la limite à ne pas dépasser dans la course à l’authenticité.

L’avant ME-TOO et la destruction de Maria Schneider

La scène du viol dans Le Dernier Tango à Paris est l’une des plus controversées de l’histoire du cinéma, principalement en raison des circonstances choquantes dans lesquelles elle a été réalisée. Le réalisateur Bernardo Bertolucci et l’acteur Marlon Brando ont conçu une scène où le protagoniste utilise du beurre comme lubrifiant lors d’une agression sexuelle non consensuelle envers l’actrice débutante Maria Schneider.

Le réalisateur avait délibérément caché les détails de la scène à la jeune actrice jusqu’au moment du tournage, lui laissant peu de choix quant à sa participation. Cette méthode de réalisation, où elle n’était pas informée à l’avance des éléments cruciaux de la scène, a été décrite comme manipulatrice et traumatisante pour Maria Schneider.

Même s’il n’y a pas eu pénétration du sexe selon une interview dans le Daily Mail en 2007, l’actrice s’est sentie humiliée et violée. Le film dévoile les conséquences d’un film aussi tendancieux et sulfureux, les deux stars du cinéma s’en vont, mais Maria est devenue la cible des tabloïds de l’époque.

Le consentement dans l’ART

La révélation ultérieure de la vérité sur la façon dont la scène a été réalisée a suscité une indignation généralisée dans l’industrie cinématographique et au-delà, remettant en question les limites éthiques de la direction d’acteur et le respect des acteurs sur le plateau.

Le film reconstitue la vie de Maria, montrant qu’à la sortie du film, l’actrice n’a pas trouvé le soutien de la gent féminin, qui l’accablait et rejetait la faute sur elle. On montre que l’Art ne doit venir entacher la communication, cœur de la confiance entre les acteurs et le réalisateur. Même si la scène en question fut filmée avec une intention artistique, elle a fini par être entachée par les circonstances déplorables de sa réalisation, mettant en lumière les abus de pouvoir et les pratiques inacceptables dans l’industrie cinématographique.

La méthode Stanislavski et autres méthodes

On parle beaucoup dans ce film du consentement et de l’agression sur les plateaux de tournage. Des réalisateurs pour l’authenticité maltraitaient (et c’est encore le cas de nos jours) les comédiens-nes. Il existe beaucoup de réalisateurs qui ont cassé des personnes dans l’idée de créer quelque chose d’unique. Loin du personnage, il voulait créer un modèle sur qui la société va projeter ses idées.

Par exemple, Robert Bresson, réalisateur français, est connu pour sa méthode de travail distinctive avec les acteurs, qui diffère considérablement de celle de Lars von Trier et de Pier Paolo Pasolini. Bresson préférait souvent travailler avec des acteurs non professionnels, cherchant à capturer des moments de vérité et d’émotion authentique à l’écran. Dans son petit texte Notes sur le cinématographe, Bresson évoque sa philosophie de direction d’acteur, soulignant l’importance du modèle plutôt que de l’acteur dans ses films. Il insistait sur le fait que le modèle devait incarner le personnage du scénario, mais sans recourir à des techniques théâtrales conventionnelles.

Contrairement à Bresson, Lars von Trier, réalisateur danois, était connu pour sa méthode de travail intense et parfois hostile avec les acteurs. Il favorisait souvent des conditions de tournage difficiles pour pousser les acteurs à leurs limites émotionnelles, cherchant à obtenir des performances spontanées et authentiques. Sa méthode de travail visait à susciter des émotions réelles chez les acteurs en les poussant à vivre les expériences de leurs personnages sur le plateau.

Pier Paolo Pasolini, réalisateur italien, avait également une approche unique de la direction d’acteur. Connu pour son engagement politique et son style distinctif, Pasolini choisissait souvent des acteurs non professionnels pour incarner les visages du peuple dans ses films. Il cherchait à combattre le naturalisme classique en utilisant des instructions et des techniques de mise en scène pour créer des performances riches en mystère et en profondeur.

Alors que Bresson cherchait à réduire au minimum la conscience de l’acteur et à obtenir des performances naturelles par soustraction, Von Trier adoptait une approche plus interventionniste, cherchant à provoquer des émotions intenses chez ses acteurs par des moyens parfois controversés. Pasolini, quant à lui, utilisait des techniques spécifiques de mise en scène pour créer des performances théâtrales et réfléchies, mais empreintes de mystère et de subtilité. Malgré leurs différences de méthode, ces trois réalisateurs partageaient un désir commun de capturer des moments de vérité et d’émotion à l’écran, chacun utilisant des techniques distinctes pour y parvenir.

FILM EN SELECTION OFFICIELLE 2024 : CANNES PREMIERE

____________

Note : 4.5 sur 5.

19 juin 2024 en salle | Biopic, Drame
De Jessica Palud | 
Par Jessica Palud, Laurette Polmanss
Avec Anamaria Vartolomei, Yvan Attal, Matt Dillon


En savoir plus sur Direct-Actu.fr le blogzine de la culture pop et alternative

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.