Foudre est le second long métrage de la réalisatrice CARMEN JAQUIER, nous plongeant dans les thématiques de la foi, du désir et de la quête d’identité, ancrées dans la société valaisanne de la fin du XIXe siècle. Le film trouve ses racines dans plusieurs moments marquants de sa vie, notamment une tragédie impliquant deux adolescents à Berlin et les récits passionnés de sa grand-mère, mystique à ses yeux.

Lilith Garsmug, la révélation du film
Ce qui ressort de ce film est la forte esthétique plastique, flirtant entre l’expérimental et le drame psychédélique. Sans oublier, la performance de la jeune actrice. Le choix de Lilith Grasmug pour incarner Elisabeth, apporte énormément au film. Elle habite le rôle et possède une présence inexplicable. Selon les interviews autour de la sortie du film, il aura fallu deux années de casting intensif mené par Minna Prader. La réalisatrice a cherché une jeune femme capable de transmettre la transformation et la dualité du personnage. Lilith Grasmug, avec son visage expressif et son corps à la fois discret et imposant, incarne Elisabeth et nous fascine par sa manière d’être, de paraitre et de réfléchir la lumière. Elle possède une capacité à mêler tendresse et puissance, ce qui apporte une dimension authentique et émouvante à son personnage, faisant de son interprétation le cœur battant du film.
Un film sur la foi et ses interdits
Le film aborde la foi catholique, souvent synonyme de honte et de contrôle, pour explorer une sexualité douce et bienveillante. L’idée que Dieu pourrait être désir est centrale, avec la sexualité vécue dans la chair comme une expression de l’amour divin. On est sous le choc par cette manière de parler de Dieu, de mener au centre de son exploration sexuelle. « Si tu vois Dieu dans mes yeux, tu peux m’embrasser ».
Au-delà de ce tâtonnement explosif de la sexualité, des tabous et des désirs, il y a aussi cette quête du sacré et du lien avec le divin. La scène où Elisabeth confronte sa mère avec le journal intime de sa sœur en est un moment clé, révélant une quête spirituelle profonde et intime.

Un film esthétique
L’approche esthétique du film, influencée par Jane Campion et Andrea Arnold, se distingue par son engagement sensoriel et artisanal. Tout ce qui est vécu dans la vie intérieure du personnage (et aussi des autres adolescents) est matérialisé à l’écran. On saluera le travail de la directrice de la photographie, Marine Atlan, qui propose des choix audacieux. Pour créer ces images vibrantes, elle a utilisé de la vaseline et des bas pour mettre en image le désir émergent d’Elisabeth.
Il y a également ce travail remarquable de la Nature, des paysages. Elle est omniprésente et doublement menaçante et majestueuse. Elle sert de théâtre à l’éveil de l’héroïne. Soulignant la force de ce lieu loin du couvent, où tout est permis si l’on garde le silence. Un film plastique, sensoriel, où la quête de libération et de connexion personnelle se mêle à une critique subtile des carcans sociaux et religieux de l’époque. N’oubliez pas, ce que l’esprit ne peut dire, le corps l’exprimera et vice-versa !

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22 mai 2024 en salle | 1h 32min | Drame
De Carmen Jaquier |
Par Carmen Jaquier
Avec Lilith Grasmug, Mermoz Melchior, François Revaclier
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Une réflexion sur “Foudre – Une exploration sensorielle de la foi et du désir”