Sur une ballade country, le réalisateur Shane Atkinson nous emporte dans le méandre des rêves de la classe moyenne américaine qui s’enlisent.
Le cinéma montre comment notre vie est souvent une succession de choses que l’on n’a pas souhaitée et celle que l’on désire le plus semblent s’échapper malgré nous. Les rêves et la noirceur de la réalité, dans un monde dans lequel tout parait faire du surplace.
LaRoy, un film déjanté sur l’américain moyen et l’impossible réalisation de soi
Laroy c’est l’Amérique de la classe moyenne qui a de plus en plus de mal à joindre les deux bouts et qui peut ni entreprendre, ni emprunter quoi que ce soi qui pourrait les sortir de cette situation.
Un gros coup de cœur pour la photographie soignée, surtout dans les scènes de nuit. Et aussi le jeu des acteurs qui à la perfection nous entrainent dans cette chute libre.
La représentation des femmes est intéressante dans ce film. Rappelant un peu celle des femmes fatales des films noirs. Elles tiennent plusieurs rôles : celles qui subissent, celles qui tirent les ficelles ou celles que l’on abandonne.

LaRoy Texas, au coeur d’une dialectique existentialiste vs absurde
Ici chacun et chacune essaie de croire qu’ils pourront sortir de leur mauvaise passe : un gars bizarre se rêvant enquêteur, mais trop maladroit pour l’être, une ancienne miss n’ayant plus rien de concret dans sa vie si ce n’est sa couronne qu’elle admire. Et dans tout cela, un gars qui décide de mettre fin à ses jours, une forme de révolte extrême
Ray, en voulant se suicider, se trouve au cœur d’une dialectique propre à l’existentialisme. Ce courant philosophique, incarné notamment par Jean-Paul Sartre et Albert Camus, voit le suicide comme l’acte de révolte ultime contre l’absurdité, l’angoisse et la liberté inhérentes à la condition humaine.

Un peu comme dans un Mythe de Sisyphe, l’américain moyen qui arrête de rêver, se complait à accepter sa condition… Celui qui essaie de briser ses chaines se retrouve souvent piégé dans un engrenage qui le dépasse. La tentation du suicide comme réponse à cette absurdité est peut-être quelque chose de fort, mais dire non à l’absurdité en usant des poings l’est encore plus ! Tout comme Camus rejetait l’issue fatale du suicide, en préconisant une révolte courageuse et une acceptation de la condition humaine.
Là, en se dressant contre sa femme et son frère lorsque le miroir se brise, Roy rejoint en quelque sorte la vision de Sartre. Mettant l’accent sur la liberté radicale de l’individu et sur sa responsabilité dans la création de son propre sens et de ses propres valeurs. Roy est un personnage complexe et plus riche qu’il n’y paraît, lui qu’on voyait comme un nul, un antihéros et un gars sans ambition. En choisissant de mettre fin à ses jours, embrasse l’absurdité de l’existence, mais en même temps, il peut être vu comme un héros existentialiste. Tout en affirmant son désir de révolte, sa quête de liberté et de sens à travers sa tentative de repartir à zero, les différentes épreuves vont lui permettre de s’affirmer, pour embrasser le désir à devenir un homme fort.
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17 avril 2024 en salle | 1h 52min | Comédie, Policier, Thriller
De Shane Atkinson |
Par Shane Atkinson
Avec John Magaro, Steve Zahn, Dylan Baker
Titre original LaRoy, Texas
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Une réflexion sur “LaRoy, un film déjanté sur l’américain moyen et l’impossible réalisation de soi”