Quelques jours pas plus de Julie Navarro offre un éclairage sur le quotidien des bénévoles et des migrants. La transformation d’un personnage initialement désintéressé et superficiel est au cœur de cette histoire, impulsée par une rencontre inattendue. Camille Cottin et Benjamin Biolay y livrent des performances marquantes. Le film suit l’évolution d’Arthur, un journaliste plus préoccupé par des aspects secondaires, suite à sa rencontre avec Mathilde et Daoud. À travers une approche sans excès et loin du pathos habituel, il souligne la progression de la prise de conscience d’Arthur sur la question de l’immigration. L’histoire ne se concentre pas sur une métamorphose, mais sur un individu confronté à une réalité qui le pousse à revoir ses positions et à s’impliquer, même temporairement.

Pourquoi il faut absolument voir Quelques jours pas plus de Julie Navarro ?
Tout simplement pour découvrir deux acteurs dans des rôles différents : Camille Cottin propose un jeu différent de son habitude. Elle est moins dans l’excès, moins dans le clash. Elle est fatiguée et passionnée, comme ces bénévoles et ces encadrants qui se battent chaque jour pour une cause. Quant à Benjamin Biolay, il est presque sympathique dans son personnage de journaliste. Arthur stagne dans son travail, se perdant dans les à-côtés de la critique musicale et passant plus de temps à faire la fête qu’à réellement s’investir dans son métier.

On montre aussi un réfugié voulant aller en Angleterre en annoncer ses raisons : rejoindre sa famille et les siens. De même, la réalisatrice arrive à montrer quelqu’un qui vit simplement et s’adapte assez bien à la vie des Français. Le choc culturel et son versant religieux ne sont pas mis en avant, il dit manger avec les mains les plats traditionnels, refuse de boire du vin quand Arthur lui en propose ; mais tout est fait de manière à ne pas stigmatiser l’étranger.

Le film illustre la progression d’Arthur renouant progressivement avec le journalisme engagé :

Retour forcé à l’information généraliste, il ne s’intéresse pas à son sujet et dit être apte à expédier le travail de terrain en une trentaine de minutes. Évidement, il y a toujours un élément qui vient bouleverser les certitudes des personnages, ici sa rencontre avec Mathilde, une bénévole de l’association Solidarité Exilés, le pousse à revenir plusieurs fois à l’association.

Bien que ses motivations initiales n’étaient pas les bonnes, à son contact, il va prendre le temps de revenir plusieurs fois à l’association. D’abord dans l’idée de la revoir, mais progressivement il va se lier d’amitié avec Daoud, un jeune Afghan qu’il a accepté d’héberger « quelques jour pas plus« .

Un film qui dévoile le quotidien des bénévoles et comment certaines personnes finissent pas accepter d’aider malgré elle, en pensant que cela va durer que quelques jours. Mais ces quelques jours durent souvent bien plus longtemps, car tant que ces migrants n’ont pas de statuts, ils n’ont pas accès au travail et les places en foyers sont très rares.

Arthur n’est pas un héros, mais simplement quelqu’un confronté fortuitement à la réalité :

Le film ne tombe jamais dans le pathos et montrer les choses sans vraiment aller plus loin, il veut montrer comment Arthur va petit à petit redécouvrir l’investissement dans un sujet. Bien évidemment, il ne va pas changer, il ne va pas devenir meilleur ou plus investi, il va juste poser son regard sur le quotidien d’immigré en attente d’une décision de la préfecture. Nous ne sommes pas dans le récit d’une métamorphose, mais plutôt le comment et pourquoi quelqu’un vivant seul et avec des certitudes se retrouve à essayer de changer son quotidien pour quelques jours pas plus. Comme le dit si bien Arthur, il n’est pas un héros, juste quelqu’un qui a été là au mauvais endroit et s’est pris son sujet dans la gueule.

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3 avril 2024 en salle | 1h 43min | Comédie dramatique
De Julie Navarro | 
Par Marc Salbert
Avec Camille Cottin, Benjamin Biolay, Amrullah Safi

PHOTOGRAPHIE : Copyright Bac Films ©