Dans les recoins isolés près de l’aéroport Roissy-Charles de Gaulle, des chauffeurs de taxi parisiens, munis de leurs smartphones, documentent la vie à la Base Arrière Taxi (BAT). Cette base est devenue un refuge pour ces chauffeurs vieillissants, venus de divers horizons, qui passent des heures à attendre des courses, cherchant à échapper à la concurrence des VTC et à la menace croissante des véhicules autonomes.

Comment a été construit ce documentaire ?

Vadim Dumesh, le réalisateur du documentaire LA BASE, a capturé cette réalité en utilisant des téléphones portables pour filmer de manière spontanée et clandestine. Il a impliqué les chauffeurs dans le processus de création, leur permettant de représenter leur propre histoire face à l’évolution rapide de leur métier. Pour le réalisateur, il était crucial de ne pas contribuer à l’effacement de leur profession, mais plutôt de mettre en lumière leur résilience et leur humanité.

Des chauffeurs qui attendent

Kham Vong, une taxiwoman filme son quotidien sur les réseaux sociaux. On sent la fierté de faire partie d’une grande famille qui a vécu son heure de gloire dans la capitale dans les années 60-90 et connu son déclin avec l’arrivée des différentes propositions numériques. Comme le dit l’un des chauffeurs portant un costume, les taxis sont ceux qui accueillent les touristes venant découvrir la capitale, l’une des plus belles villes d’Europe.

Le film révèle la diversité kaléidoscopique de la Base, un microcosme dense où se croisent des enjeux d’immigration, de conditions de travail et d’appartenance. Malgré les défis et le changement d’attitude avec le déplacement de la base, les chauffeurs ont su créer un espace communautaire, un « petit village babylonien », où ils trouvent du réconfort et maintiennent leur humanité.

Cependant, la pandémie de Covid-19 a ajouté une dimension dystopique à l’histoire, offrant un aperçu d’un futur incertain où la Base pourrait disparaître. Les images tournées pendant cette période de fermeture renforcent cette impression de dystopie et de déshumanisation, rappelant la menace imminente des véhicules sans conducteur.

Les voitures sans conducteurs et le AI

Il y a la peur, celle d’être remplacé par des machines, avec le déploiement des robot-taxi Apollo Go lancé en Chine. Ces chauffeurs attendent, sont là sur le parking, jardinent et prennent soin de leur outil de travail. La vie sur la base, c’est attendre que le téléphone sonne, c’est se préparer à devoir partir à tout instant. Le film traduit merveilleusement et tristement ces travailleurs qui regardent le monde changer sous l’influence de l’ubérisation de toutes les branches de métiers. Quand la voiture sans chauffeur sera partout, on n’aura plus besoin des êtres humains.

LA BASE est un témoignage poignant de la mutation de la société des hommes, remplacée progressivement par des machines, mettant en lumière la résistance et la créativité des individus face à cette évolution inévitable.

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3 avril 2024 en salle | 1h 12min | Documentaire
De Vadim Dumesh | 
Par Vadim Dumesh