Vampire Humaniste Cherche Suicidaire Consentant


Un film initiatique surprenant où l’on apprend à aimer la vie à travers sa relation fragile avec la mort.
SARA MONTPETIT excelle, offrant une prestation en toute légèreté, naviguant telle une funambule entre l’humanité et la bestialité de sa Nature. On saluera sa prestation, ses gestes précis et sa manière de se mouvoir tel un félin.

Comme dans beaucoup de romans ou de films traitant des vampires, il y a la volonté d’explorer les angoisses liées à la mort, fusionnée au désir de dépasser l’inconnue de la mort. Il est rassurant de se dire qu’il existe une alternative et selon les universitaires, il est courant qu’à chacune des crises de notre existence et société, on se tourne faire ces êtres surnaturels.

La figure du vampire, condamné à tuer pour survivre, devient le moyen d’interroger la valeur de la vie qu’il prend par rapport à la sienne. Ainsi naît Sasha, une jeune vampire humaniste prête à mourir pour épargner autrui, et Paul, un adolescent en proie à des troubles dépressifs, rejeté par un monde qu’il ne comprend pas. Leurs drames intérieurs, bien que tragiques, sont illuminés par une rencontre chargée d’espoir.

Ils ont eu des réponses et leur presque amitié va peu à peu leur offrir une porte de sortie, une alternative à leur solitude. L’un pense n’avoir rien à perdre à mourir et l’autre estime que se nourrir et prendre une vie reviendrait à faire disparaitre son étincelle d’humanité.

Le récit, oscillant entre la réflexion sur la mort et une célébration de la vie, présente une palette de personnages colorés. L’approche créative s’affranchit des catégories cinématographiques, jonglant entre le film de genre, le récit initiatique et la comédie noire. La liberté de forme et de création se poursuit dans la réalisation, où l’univers visuel luxuriant et la mise en scène intimiste servent les protagonistes. On est surpris de voir comment ces vampires cohabitent parmi nous, avec leurs préoccupations et leurs objectifs de vie quasi similaires aux nôtres.

On retrouve toute l’essence de la Pop Culture des années 90, le style d’humour des années 2000. Le film se caractérise par une diversité de codes cinématographiques, exploités pour déjouer les attentes du spectateur. Des moments magiques parsèment l’œuvre, offrant un accès privilégié à l’intériorité des personnages. Montrant la vie intérieure de Sasha en jouant sur les effets d’éclairage. Tant dans les silences que dans les dialogues colorés, l’attention accordée à chaque détail contribue à l’ADN du film, créant une expérience cinématographique intéressante et feel good malgré le sujet assez sombre !

Parallèlement, le récit explore la métaphore de l’adolescence en tant que forme de mutation, analogue à la condition des vampires. Vivant entre deux mondes, celui de l’enfance et celui des adultes, l’adolescence est dépeinte comme une période de transition où les individus se heurtent à des questionnements existentiels.
L’adolescence est une mutation semblable à la vie des vampires. Vivant entre deux instances, le monde de l’enfance et celui des adultes. Condamné à vivre entre deux, devant revenir à la maison à une heure précise pour ne pas se faire tuer par ses parents.

Cette phase de la vie, tout comme l’existence vampirique, est marquée par un décalage avec la norme sociale. Les adolescents en mal-être, tels que Paul, incarnent cette figure romantique en quête de sens dans un monde qui leur semble hostile. Tout en explorant les tumultes intérieurs et les défis inhérents à ces deux états de transition, Paul n’a pas peur de la mort, car pour lui la seule souffrance est la vie.

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Note : 5 sur 5.

20 mars 2024 en salle | 1h 30min | Comédie, Epouvante-horreur
De Ariane Louis-Seize | 
Par Ariane Louis-Seize, Christine Doyon
Avec Sara Montpetit, Félix-Antoine Bénard, Steve Laplante

Le film se conclut sur Dracula Yé yé, dont le clip reprend de nombreux codes décalés de la figure vampirique.


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