Los Delincuentes, le sens de la vie selon Rodrigo Moreno


Los Delincuentes, de Rodrigo Moreno, aborde la quête universelle d’une vie meilleure, incarnée par le personnage principal choisissant de voler sa propre banque pour financer sa liberté. Le film explore les thèmes de l’aliénation au travail, la recherche d’une existence indépendante, et la tension entre la liberté personnelle et les contraintes sociétales. Adoptant un point de vue anarchiste, le film critique la dépendance au travail capitaliste et pose la question de la véritable liberté.

Le film et le réalisateur évoquent l’idée que la prison temporaire est préférable à une vie d’emprisonnement au travail. Soulignant ainsi l’aspiration commune à s’échapper de la routine aliénante pour trouver des formes alternatives de liberté et explore le rêve complexe de vivre sans être asservi au travail.

De même, Rodrigo Moreno explore également les thèmes de l’amitié et de la révolte contre la société à travers l’histoire de Morán. Il faut énormément de confiance en autrui pour lui confier la localisation de sa plaque, le lieu où sont entreposés des millions et de quoi vivre sa vie. Peut-être que le simple fait de proposer la liberté suffit à créer une forme d’acceptation, être esclave de la société ou sous la contrainte de l’attente ?

Est-il mal de vouloir être heureux ?

L’analyse de la situation révèle une perspective anarchiste qui remet en question la moralité du vol, soulignant que fonder une banque est un crime pire que la dévaliser, selon une citation attribuée à Brecht. Le film expose la tension entre la vie moderne, dominée par le travail, et l’aspiration à une véritable liberté.

Ce délit, malgré son aspect immoral souligne la nécessité de construire une vision humaniste de la liberté. Les personnages Morán et Román incarnent le conflit perpétuel entre la nécessité de gagner sa vie et le désir de se libérer du travail. Ils ont tous les deux envie de quitter le carcan de la ville, du travail et retourner à l’essentialisme. Se lever le matin, faire des choses utiles et être avec des gens qu’ils aiment. Étrangement, la famille et une vie de robot n’est pas compatible.

Le réalisateur évoque également des éléments de la réalité argentine, s’inspirant d’une histoire vraie d’un employé de banque ayant volé pour mener une vie libre. Il souligne le contraste entre la vie en ville, représentée par les scènes de banque, et la campagne, symbolisant la liberté. Dans ce film, seule l’ouverture du film semble donner une vision agréable de la ville : prendre son café le matin avant d’aller travailler dans un établissement bancaire. Cependant, comme dans beaucoup de cas, prendre son café le matin est juste une forme de pause pour se réveiller avant une journée épuisante, qui étouffe la liberté de rêver.

En analysant de plus près les prénoms des personnages, on constate qu’ils sont des anagrammes, ajoutant une dimension ludique et créative au récit, renforçant l’idée de jeux et de dualités dans la vie. Le film en lui-même est une suite d’action où parfois on n’a jamais vraiment de réponse, un peu comme dans la chanson qui n’a pas de fin que le protagoniste déterre de son esprit.

Los Delincuentes propose une réflexion sur la liberté individuelle face à la société moderne et explore la complexité des choix entre travail aliénant et recherche d’une vie meilleure. Le film se distingue par son approche cinématographique, son ancrage dans la réalité argentine contemporaine et son dialogue implicite avec l’histoire du cinéma du pays.

La musique du film et son importance

La musique du film : Pappo’s Blues, Adonde esta la libertad : La chanson souligne les questionnements sur la véritable nature de la liberté et exprime une quête profonde pour trouver un chemin vers une existence authentique. Dans le film, ce titre devient un motif récurrent, circulant entre les personnages. Cette inclusion stratégique souligne l’importance de la liberté, faisant écho aux thèmes du film. Rodrigo Moreno détourne les attentes narratives, s’éloignant du réalisme conventionnel pour explorer des territoires inattendus. Le réalisateur cherche à dépasser les limites du réalisme contemporain, offrant une expérience cinématographique stimulante et philosophique, tout en maintenant l’humour caractéristique de son style. La musique devient un fil conducteur, enrichissant l’expérience visuelle et renforçant les thèmes existentiels du film.

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Note : 3 sur 5.

27 mars 2024 en salle | 3h 10min | Drame, Thriller
De Rodrigo Moreno | 
Avec Daniel Elias, Esteban Bigliardi, Margarita Molfino


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