Le duo Olivier Ducray et Wilfried Meance proposent une comédie bien écrite, qui use à souhait des différentes sources de conflit au sein d’un voisinage. Malgré ses faux airs de comédies simplistes, les réalisateurs-auteur proposent une chronique fine et juste sur le couple et la vie quotidienne de personnes qui se croisent, qui se fréquentent et n’osent plus vivre pleinement leur vie.
Un regard sur le couple réaliste et la fuite du conflit
La solitude des gens qui s’inclinent pour avoir la paix. Quand dans un couple, on fait tout pour avoir le calme et fuir le conflit, cela mène à un épuisement psychologique et physique. On ne vit qu’en faisant en sorte que l’autre ne crise pas.
Le film dévoile combien deux êtres finissent par habiter ensemble par amour (et surtout par convention sociale) et termine comme des colocataires aigris. Pourtant, chacun attend de l’autre un peu d’affection et d’estime, mais chaque geste est toujours mal interprété, donc le peu d’action pour un merci mène à une désolation et frustration. L’autre ne demande pas cela et le second veut simplement être traité à sa juste valeur.
Peu à peu, la situation mène à l’épuisement et l’isolement. Les gens ne viennent plus, quand des invités ou imprévu surviennent, il faut faire bonne figure et ce n’est pas toujours simple, car la rancœur ne permet pas d’éviter des explosions. Le propos du film dévoile surtout la grande question du comment on peut en arriver là ? Est-ce l’amour qui pousse à éviter le conflit ou uniquement la peur de blesser l’autre ? Puis peu à peu plus personne n’ose parler et dire pourquoi il est triste.
La musique à la fin jouée au piano par le couple fait énormément penser à l’univers de Michel Polnareff.
Un auteur-compositeur qui a beaucoup écrit sur l’amour perdu, à sens unique ou l’envie simplement de faire l’amour. Ici, mélodiquement, on pense beaucoup à la chanson Tous les bateaux, tous les oiseaux, précisément ce passage « Ne pleure pas petite fille… Viens…il y a des voiles Sur les étoiles O mon enfant mon inconnue Il y a bal loin de ta rue ».
Une distribution de choix !
Isabelle Carré et Bernard Campan pour le couple Sophie-Xavier, et Pablo Pauly et Julia Faure pour Adèle-Alban sont excellents et attachants ! On tombe sous le charme de ces deux couples, des non-dits et sous-entendus. Une vraie comédie de boulevard bien écrite où le dérapage attendu arrive de manière surprenante !
Un vrai coup de cœur pour le personnage incarné par Isabelle Carré, une femme qui consacre sa vie à son foyer, une femme qui se tait pour arranger les choses et pour que la paix règne au sein de son couple. Bernard Campan joue l’homme blasé de la vie, qui n’a plus plaisir à rien et la dispute devient une issue pour communiquer avec l’autre, mais il préfère sortir un chien phobique de sa laisse à force de promenades.

Quelques mots sur le projet
Le film prend racine dans la volonté des producteurs, Romain Brémond et Daniel Preljocaj, de réaliser un remake du film espagnol Sentimental de Cesc Gay. Impressionnés par les réalisateurs Wilfried Meance et Olivier Ducray, ils les invitent à envisager une version française du film acquis. La thématique centrale du couple se matérialise à travers le choix minutieux des acteurs, avec Isabelle Carré et Bernard Campan pour le couple Sophie-Xavier, et Pablo Pauly et Julia Faure pour Adèle-Alban.
La dynamique entre les acteurs était cruciale pour capturer l’humour du film. La mise en scène à deux caméras, inspirée par la série Succession, privilégie la spontanéité des acteurs, notamment lors d’une séquence d’apéro en plan-séquence de 12 minutes. Le choix du décor, un appartement parisien de 355 m2, et la bande originale d’Alexis Rault contribuent à créer une atmosphère réaliste et émotionnelle. Ainsi, le projet, né de l’intérêt des producteurs pour les remakes, évolue en une exploration subtile et humoristique des relations de couple, soutenue par une équipe artistique talentueuse.
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3 avril 2024 en salle | 1h 17min | Comédie
De Olivier Ducray, Wilfried Meance |
Par Olivier Ducray, Wilfried Meance
Avec Isabelle Carré, Bernard Campan, Julia Faure
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2 réflexions sur “Et plus si affinités, Ne manquez pas au cinéma cette comédie de boulevard décoiffante”