À l’évidence, Madame de Sévigné d’Isabelle Brocard avec Karin Viard et Ana Girardot sera probablement rapidement caractérisé en tant que film esthétique.

Et il faut l’avouer, sur la partie artistique et visuelle, nous avons un sans-faute : des décors, des costumes et aussi une photographie sublime. La direction des deux actrices est excellente, nous dévoilant une Ana Girardot troublante et complexe dans sa manière d’incarner la fille de Madame de Sévigné.
Là où nous sommes perdus, c’est face à certains passages lents venant casser le rythme du récit, pourtant riche en tensions. Un film sur un couple mère-fille, qui s’autodétruit au gré des années. Montrant comment il peut être néfaste d’entretenir des relations avec des parents intrusifs, qui ne laissent pas vivre librement leurs enfants. La fille et la mère entretiennent une tension malsaine où vivre ensemble ou éloigné n’est qu’une suite de chantage psychologique silencieux.
Aux origines du projet
Selon une interview de la réalisatrice, le processus de création de « Madame de Sévigné » a été une exploration profonde de la complexité des relations mères-filles au XVIIe siècle, tout en transposant ces dynamiques dans un contexte contemporain. Le choix des actrices, Karin Viard et Ana Girardot, a été guidé par leur capacité à incarner les nuances des personnages, tandis que le travail sur les décors et la lumière visait à créer des espaces chaleureux et vivants.
Le film s’inspire des lettres de Madame de Sévigné pour raconter l’émergence de l’écrivaine, en mettant en avant la nature et les extérieurs pour apporter une modernité à l’histoire. Le montage a été réalisé en deux étapes par deux monteuses. Ce qui a permis de trouver le mouvement recherché et d’intégrer la musique de Florencia Di Concilio, mêlant instruments d’époque et inspirations contemporaines, pour créer une bande son élégante et délicate.

L’esthétique très recherchée du film
Le choix des décors dans Madame de Sévigné s’inspire du traitement chaleureux et réaliste des films anglo-saxons. Contrairement aux films historiques français, l’accent est mis sur la création d’environnements accueillants et vivants, invitant le spectateur à s’immerger dans l’époque du XVIIe siècle. Des lieux tels que le château de Courances et Grignan sont soigneusement sélectionnés pour rendre les scènes plus authentiques et désirables, offrant une expérience cinématographique immersive. La réalisatrice voulait coller à la philosophie des films d’époques Anglo-saxons, en soi, son travail en collaboration avec Anaïs Romand et Laurent OTT se devait de transporter le spectateur dans un univers où l’on aimerait vivre. Ce film révèle des lieux à la fois réels et authentiques, et non de simples décors, avec des accessoires et des lieux fonctionnels.
En écoutant attentivement la musique du film, on constate qu’on a attribué des instruments distincts à la mère et à la fille, symbolisant leur dualité émotionnelle. Le violoncelle et le piano évoquent la maturité et la complexité de la marquise, tandis que la flûte traversière et la guitare incarnent la jeunesse et la sensibilité de sa fille. Cette distinction musicale renforce la profondeur psychologique des personnages.
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28 février 2024 en salle | 1h 32min | Drame, Historique
De Isabelle Brocard
Par Isabelle Brocard, Yves Thomas
Avec Karin Viard, Ana Girardot, Cédric Kahn
| Réalisation | Isabelle BROCARD |
|---|---|
| Scénario et dialogues | Isabelle BROCARD et Yves THOMAS |
| Directeur de la photographie | Georges LECHAPTOIS |
| Direction artistique et création de costumes | Anaïs ROMAND |
| Chef décorateur | Laurent OTT |
| 1er assistant réalisatrice | Julie RICHARD |
| Directrice de casting | Tatiana VIALLE |
| Directeur de production | Philippe REY |
| Montage | Camille DELPRAT et Géraldine MANGENOT |
| Prise de son et montage son | Philippe DESCHAMPS |
| Mixage | Xavier THIEULIN |
| Musique originale | Florencia DI CONCILIO |
| Production | THE FILM |
| Producteur | Michael GENTILE |
| Production associée | ARTURO MIO |
| Une coproduction | THE FILM, AD VITAM, ORANGE STUDIO, AUVERGNE-RHÔNE-ALPES CINÉMA, FRANCE 3 CINÉMA |
| Avec la participation de | CANAL +, CINÉ +, FRANCE TÉLÉVISIONS |
| En association avec | COFIMAGE 33, LA BANQUE POSTALE IMAGE 15, CINECAP 5, CINEMAGE 16 |
| Avec la participation de | LA RÉGION AUVERGNE-RHÔNE-ALPES et du CNC |
| Avec le soutien de | LA RÉGION ÎLE-DE-FRANCE, en partenariat avec le CNC |
| Distribution salles France | AD VITAM – ORANGE STUDIO |
| Ventes internationales | ORANGE STUDIO |
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Une réflexion sur “Madame de Sévigné, en immersion dans ce duo féminin”