Par la force de ses images que le réalisateur Lisandro Alonso propose une œuvre surprenant tant par sa manière de transfigurer le réel. Sa dialectique très poétique offre une réflexion sur la vie, le cycle éternel et comment nous sommes à la fois liés et dépendants les uns des autres. Le film se décompose en trois parties connectées entre elle par des forces ancestrales comme pour souligner le questionnement sur le temps.

Le film remet en cause cette notion jugée comme une fiction purement illusoire, une unité de mesure inventée par la société des hommes, mais qui diffère selon le milieu et le cadre social. Dans la société occidentale on mesure le temps en heure, en seconde, dans d’autres cultures, ce sont les nuits ou les saisons qui prennent le plus de place.
On y vit au rythme de la Nature, en l’écoutant. Le sujet existe également, mais son importance ne domine point le reste, on prend du temps en analysant les rêves, qui sont dans beaucoup de culture le reflet de notre âme. Pourtant, durant une grande période, l’analyse des rêves avait du sens en psychanalyse, mais peu à peu, nous avons commencé à fuir la symbolique des choses pour se perdre dans le matériel.
Les temps et les communautés autochtones
Les anthropologues ont découvert que leurs cultures adoptent une approche alternative de la mesure du temps en évitant de le diviser en heures fixes.
Chez les Aborigènes d’Australie, par exemple, le temps est plutôt subdivisé en saisons et en périodes liées à des activités spécifiques comme la chasse ou la saison des pluies. De même, dans certaines cultures autochtones des Amériques, des termes tels que « lune » ou « nuit » sont employés pour décrire des périodes temporelles plutôt que des heures précises.
Une observation du temps en saison et système solaire-lunaire
Ces systèmes temporels se fondent sur des observations naturelles telles que la position du soleil, les phases lunaires ou les changements saisonniers, reflétant ainsi une connexion plus profonde avec l’environnement et les cycles naturels. Cette approche contraste avec la rigidité de la découpe du temps en heures et minutes observée dans de nombreuses cultures modernes.
Plusieurs parties d’un même monde
Comme pour brouiller les pistes, puisque le temps n’a pas de vraie existence ; la première partie en elle-même est une mise en abyme de la notion de l’attente et du temps qui passe à travers un vieux western en noir et blanc. Puis, nous basculons au temps présent aux USA où coexistent plusieurs peuples et culture, qui sont présents en un même lieu et doivent apprendre à coexister ensemble.
Par la force des choses, le réalisateur nous entraine après dans une autre partie du globe, comme pour déposer un autre regard sur le temps qui passe et aussi la manière dont les gens vivent le quotidien.
Le réalisateur arrive à filmer l’attente et cette forme de mélancolie qu’on arrive si bien à lire dans le regard des différents protagonistes. Ils guettent une révélation, quelque chose de plus grand qui pourrait expliquer le sens de la vie. Même s’il n’existe pas de vérité absolue, la vôtre est peut-être en cours de cheminement ?
Eureka pose un regard plein de sagesse et de poésie sur ce monde. Un film à ne pas manquer !
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28 février 2024 en salle | 2h 27min | Drame
De Lisandro Alonso |
Par Lisandro Alonso, Fabian Casas
Avec Viggo Mortensen, Chiara Mastroianni, Alaina Clifford
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Une réflexion sur “EUREKA ou l’image du temps qui passe selon Lisandro Alonso”