Rien ni personne, Paul Hamy en père de famille rongé par son passé et ses choix


Paul Hamy est de retour au cinéma dans un film intense. Depuis Furie d’Olivier Abbou, où il avait excellé, nous étions curieux de découvrir d’autre film d’une telle intensité. Rien ni personne est un coup de détonation sur l’art de narration et la photographie est soignée, renforçant l’étrangeté et cette sensation d’urgence. Un sans-faute pour ce film de GALLIEN GUIBERT !

Rien ni personne, une immersion dans le monde du trafic de drogue et comme dans beaucoup de milieu, il est difficile de décrocher sans devoir jouer le mort et changer totalement de vie. C’est simple à dire, mais compliqué quand le quotidien de père de famille vient complexifier les choses. Pourtant, le protagoniste voit cet enfant comme l’occasion de changer de vie et d’espérer lui offrir autre chose qu’une vie de magouilles et de mensonges.

Gallien Guibert arrive à saisir ces différents moments d’espoirs qui se retrouvent percuté par le poids de cette vie cachée. Malgré, dans sa tentative de fuite pour protéger ceux qu’il aime, Jean se retrouve à devoir revenir payer ses choix, ses fautes. Une guerre personnelle contre son passé d’orphelin et le désir de repartir à zéro, même si Rien ni personne ne peut sortir réellement indemne d’une vie tatouée au plus profond de la chair et de l’esprit.

Pourquoi voir ce film ?

Il explore les ravages du système de protection de l’enfance en France, avec plus de 300 000 mineurs pris en charge. Les statistiques alarmantes montrent que 70% des jeunes placés n’obtiennent aucun diplôme, 40% des sans-abri de moins de 30 ans sont d’anciens de l’ASE, et jusqu’à 30% vivent dans l’isolement.

Le film noir de Gallien Guibert suit Jean, un anti-héros romantique, tourmenté par son passé d’abandon. Le réalisateur décrit le film comme une exploration existentielle, mêlant naturalisme et thriller graphique. L’histoire universelle de Jean résonne avec la quête impossible de réparer sa propre parentalité. Tourné à Saint-Nazaire, le film met en lumière les lacunes des structures d’accompagnement. Gallien Guibert, défricheur des nouvelles écritures interactives, signe ici son premier long métrage, avec un casting comprenant Paul Hamy, Suliane Brahim et Françoise Lebrun. Le co-scénariste Jean-Baptiste Delafon, actif dans le cinéma et la télévision, contribue à cette œuvre captivante, interrogeant les traumatismes liés à la croissance sans parents. « Rien ni Personne » offre une plongée intense dans les méandres psychologiques des jeunes abandonnés, explorant le besoin universel de guérison et la confrontation au vide existentiel.

Comme le chantait Johnny Rockfort dans Starmania : Pas passé, pas d’avenir (Banlieue Nord) - L’abandon et l’absence d’un socle solide influencent fortement le futur de ces jeunes. Il est compliqué de grandir sans parents, car cela nécessite de forger une identité déficitaire et d’être quelqu’un brisé malgré toutes les tentatives de réparation.

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Note : 4.5 sur 5.

28 février 2024 en salle | 1h 22min | Drame, Thriller
De Gallien Guibert | 
Par Jean-Baptiste Delafon, Gallien Guibert
Avec Paul Hamy, Suliane Brahim, Françoise Lebrun


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