La douleur identitaire et la crise du genre n’a jamais été filmé aussi juste qu’à travers le regard de la réalisatrice ESTIBALIZ URRESOLA SOLAGUREN. Quant à SOFÍA OTERO, elle est impressionnante dans son jeu d’interprétation de Cocó.

Le film nous montre la peine, la douleur d’être mal né et d’attendre de devenir ce qu’on se sent être. Il y a la famille qui fait front, puis peu à peu, il y a l’acceptation. D’abord, les proches évoquent un manque de fermeté dans l’éducation, puis rejettent la faute sur le cocon trop maternante. On cherche à expliquer de manière rationnelle l’ineffable.
La représentation de la famille et la métaphore des abeilles
Le film explore l’identité de Cocó, un garçon de huit ans, au sein de sa famille basque. L’histoire émane de la volonté de la réalisatrice de remettre en question les normes de genre strictes, incarnées par le personnage du père. Le processus de création a débuté par des rencontres avec une vingtaine de familles, offrant une immersion authentique dans leur intimité, sans évoquer le terme de « transition », mais soulignant l’évolution des perceptions.
La métaphore apicole, liant les abeilles à la dynamique familiale, est au cœur du film. Cette analogie reflète l’interdépendance des individus dans une ruche, en parallèle avec les relations familiales. La réalisatrice met en lumière l’importance sociale et spirituelle des abeilles dans la culture basque, les considérant comme des êtres sacrés.

La volonté de faire quelque chose d’authentique et sans mensonge
Le choix de Sofía Otero pour le rôle de Cocó s’est opéré après des auditions minutieuses parmi 500 fillettes. Les choix esthétiques du film visent à capturer la réalité de manière naturelle, évitant tout artifice, avec l’utilisation de lumière naturelle et l’absence de musique extradiégétique. On notera la justesse d’avoir su conserver une spontanéité chez les acteurs, professionnels et non professionnels, permettant d’harmoniser leur performance. Ce film aspire à être un témoignage authentique et sans artifice sur l’exploration de l’identité au sein d’une famille basque.
L’absence de musique extradiégétique crée une tension, une mise en avant du monde intérieur de l’enfant qui se cherche, des parents qui ne comprennent plus. On explore l’intime par le silence et le bruit de la vie. Habituellement au cinéma, on a tendance à mettre en avant la dimension psychologique à l’aide de musiques insistant sur le pathos. Ici, il n’en est rien et c’est le vrai qui donne de la profondeur et du corps à ces séquences en quasi-huis-clos.
Au-delà des maux et des crises, de ces petits bouts de papiers sur lesquels on y a inscrit des vœux. On découvre combien il est nécessaire que la tolérance et l’acceptation devienne la plus belle preuve d’amour des parents.
Un film d’Estibaliz Urresola Solaguren, sortie le 14 février 2024
_______________
14 février 2024 en salle | 2h 08min | Drame
De Estibaliz Urresola Solaguren |
Par Estibaliz Urresola Solaguren
Avec Sofía Otero, Patricia López Arnaiz, Ane Gabarain
Titre original 20.000 especies de abejas
En savoir plus sur Direct-Actu.fr le blogzine de la culture pop et alternative
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.


Une réflexion sur “20 000 espèces d’abeilles de ESTIBALIZ URRESOLA SOLAGUREN”