On a vu pour vous ELAHA de Milena Aboyan


Un film sur la liberté et le poids des traditions culturelles. Le tout porté le jeu intense de Bayan Layla.

Le film nous plonge dans cette dualité entre les nouvelles mœurs se heurtant au poids des traditions kurdes. De l’extérieur, l’Allemagne est souvent considérée comme l’un des pays les plus modernes sur le plan de l’égalité Homme Femme, et il est surprenant de voir comment Elaha se retrouve prise entre deux feus. Ses amies et elle mènent une double vie : celle de jeunes femmes modernes voulant assumer leurs corps, devant sans cesse faire profils bas face aux traditions où le Mari et Hommes ont quasiment tous les droits sur elles.

Le film parle énormément de l’image, de ce que les autres pensent. En Europe, on désigne l’Allemagne comme étant l’un des pays les plus avancés en termes d’égalité Homme-Femme, mais il n’en est rien, selon différentes études, la différence de salaire est de 20% entre les Hommes et les Femmes.

La virginité, un moyen de domination des femmes

La question de la virginité et des rapports sexuels avant le mariage est au centre du film, dont ce questionnement sur la culpabilité ressenti. La peur de l’exclusion et de décevoir sa famille, mais aussi l’aliénation de ces jeunes femmes qui veulent s’acheter une nouvelle virginité. Elles se sentent coupables d’avoir eu des relations avant le mariage, mais comme l’explique la chirurgienne, il n’y a rien de mal et les hommes eux ne s’en privent pas.

La réalisatrice arrive à créer de la poésie dans ces instants de contemplation où l’héroïne s’isole et attend. Il est cruel de voir qu’une jeune femme brillante se retrouve à perdre tout dès qu’elle est face à sa famille. Une vie toute tracée où les diktats imposent sa manière de penser, de vivre, de s’habiller. Pourtant, ces mêmes hommes qui enclavent les femmes indépendant dans la catégorie de putes sont bien seuls lorsque leur monde s’effondre.

Elaha, envers et contre tous.

Elaha est en quelque sorte l’actualisation de la figure de l’héroïne grecque telle une Antigone des temps moderne qui se questionne sur le sens du monde. L’ordre social et le patriarcat n’ont pas changé et elle se demande pourquoi on l’épouse : par amour ou est-ce l’amour qui vient avec le mariage. Elle a déjà tout : des ami(es), un ami qui lui laisse la possibilité d’être comme elle veut et de partir quand elle veut.

Cependant, on lui ordonne une forme de respect sous conditions. Dans cette famille où les parents en demandent beaucoup à leur enfant, dans une famille où il faut paraitre irréprochable aux yeux des autres. Tout comme Antigone, elle va s’opposer et pourtant le film laisse en suspens les choses, on ne sait pas réellement si elle va s’enfuir, si elle va décider de reprendre sa vie en mains. Un peu comme dans beaucoup de grande question existentielle, il n’y a jamais de réponse, car il faut du temps et du courage pour que les choses changent.

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Note : 4 sur 5.

7 février 2024 en salle | 1h 50min | Drame
De Milena Aboyan | 
Par Milena Aboyan, Constantin Hatz
Avec Bayan Layla, Derya Durmaz, Nazmi Kırık


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