Un film remarquable et saisissant d’Arnaud des Pallières sur les conditions des internements en psychiatrie des femmes après Charcot. Mélanie Thierry est bouleversante dans ce huis-clos à la Salpêtrière, où la folie règne.

Avec une photographie très froide et aussi un travail poussé sur le bruit et l’environnement sonore, le réalisateur nous emporte dans un cloître malaisant. On associe souvent Charcot à la psychiatrie moderne initiée par Philippe Pinel pour son approche plus humaniste. Cette étiquette de moderne est à prendre à considérer en fonction du contexte historique. Captives film révèle également la dureté du sort réservé aux femmes qui ne voulaient pas se plier à la société des hommes. Dans bien des propos, il peut faire penser à From Hells des frères Hughes, qui révèle l’usage de la lobotomie pour réduire au silence les femmes et aussi les hommes pouvant mettre à mal la politique et la Royauté.

Ici, dans Captives, on assiste à des consultations médicales très sommaires où le questionnaire est à charge et ne sert qu’à réduire la liberté du patient, qui est emprisonné bien souvent contre son gré. Dans le cas où une personne entre de sa propre décision, elle se heurte à progressivement à perdre pied.

Il est généralement recommandé aux professionnels de santé de ne jamais prononcer le nom d’une pathologie sans avoir suffisamment d’éléments afin d’éviter qu’il ne s’enferme dans la pathologie. En effet, en répétant à quelqu’un qu’il a un problème, il finit par le croire lui-même. En psychologie cognitive, nous désignons ce phénomène l’effet nocebo. Ce film et l’effet cité précédemment démontrent combien la persuasion négative peut influencer la perception et induire des symptômes indésirables.

De la grande hystérie à la mélancolie

Dans ce film, on dévoile des scènes de douche froide, de bains prolongés pendant des heures et également l’administration de divers sédatifs.
Par exemple le bromure de potassium, qui était historiquement utilisé comme sédatif et anticonvulsivant au XIXe siècle. On croyait qu’il pouvait aider à calmer les nerfs et à réduire l’agitation, ce qui était souvent associé à des troubles mentaux tels que l’hystérie. Cependant, l’administration de bromure de potassium à des doses élevées peut entraîner des effets secondaires graves, y compris des troubles gastro-intestinaux, des problèmes neurologiques et des problèmes rénaux.

À cette époque, bien qu’on ait déjà compris le principe de l’inconscient et de la somatisation, on utilisait encore des méthodes comme celle des bains pour évacuer les mauvaises humeurs.
Les bains prolongés était le traitement de divers troubles mentaux dans le passé.
Il existait aussi d’autres méthodes comme les bains de Mesmer, qui étaient pratiqués au 18e siècle. Elle impliquait des bains d’eau magnétisée pour traiter divers maux. Aujourd’hui, toutes ces méthodes sont considérées comme pseudoscientifiques et obsolètes en raison de leur manque d’efficacité prouvée, mais aussi les risques potentiels pour la santé, tels que l’hypothermie ou les infections. Elles causaient des traumatismes sévères par leur dimension très violente et proche à de la torture.

Le bal des folles a vraiment existé

En effet, c’était une pratique du XIXe siècle où des personnes considérées comme folles étaient exposées pour divertir le public. Chaque année au sein des asiles se tenait un grand Bal costumé avec divers spectacles cruels et dégradants. Progressivement, on a cherché à réduire ce genre de pratique, accordant plus de respect aux malades. Ces différentes pratiques où l’on utilisait les patients comme des objets de divertissement ont été abandonnées. Cette fin des Bals des folles était le signe d’une évolution des normes éthiques envers les personnes souffrant de troubles mentaux et ainsi protéger la dignité et les droits des personnes atteintes de troubles mentaux.

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24 janvier 2024 en salle | 1h 50min |
Drame, Historique, Thriller
De Arnaud des Pallières | 
Par Arnaud des Pallières, Christelle Berthevas
Avec Mélanie Thierry, Josiane Balasko, Marina Foïs