Un film troublant sur ceux qui galèrent, ceux qui vont devoir défier la légalité pour essayer de survivre.
Souvent, on se demande comment certaines personnes respectables à première vue peuvent tomber dans la contrebande ou le crime. Dans ce film, la réponse est peut-être la plus simple qu’il soit : on cherche à s’en sortir, car les autres méthodes pour gagner de l’argent ne suffisent plus.

Le film questionne aussi sur la morale, est-ce bon de faire passer des gens, quand est-ce moralement mauvais ?
La critique fréquente à l’égard des passeurs concerne principalement leur motivation financière, les accusant d’exploiter la vulnérabilité des individus. Cette dimension monétaire soulève des préoccupations morales et éthiques, car elle met en lumière le profit tiré de la détresse d’autrui. Les passeurs, en se transformant en facilitateurs payants, sont souvent perçus comme des acteurs opportunistes qui capitalisent sur la misère humaine.
Cette stigmatisation s’articule autour de la dénonciation de pratiques lucratives qui compromettent la dignité des migrants, alimentant ainsi un débat sur la nécessité de réguler et d’éliminer les incitations financières liées au trafic de personnes. Sans oublier les conditions dans lesquelles se déroulent les passages et parfois, les migrants sont abandonnés en plein milieu de nulle part.
Le film est réussi dans sa manière de mener le récit et de créé une haute tension. Sans oublier ce combat contre les éléments Naturels
Le film se distingue par sa narration captivante et la création habile d’une tension intense. Il met en lumière le combat acharné contre les éléments naturels, ajoutant ainsi une dimension physique remarquable à la performance de l’actrice principale.
Le choix de la zone géographique était primordiale. Celle d’une frontière. Celle d’une région proche de l’Italie, plutôt que Calais, découle de la volonté du réalisateur, d’éviter de reproduire le même cadre que celui exploré dans son documentaire « Calais, les enfants de la jungle« . Optant pour Briançon, une zone de passage migratoire fréquentée depuis longtemps, le réalisateur ancre son projet dans une réalité différente.
Briançon offre des décors montagneux qui symbolisent la frontière entre la vie et la mort, renforçant la dramaturgie du film. Les vastes espaces et l’habitat choisi pour Marie contribuent à créer une atmosphère isolée et oppressante, éléments essentiels au récit. Ce choix géographique offre une nouvelle perspective tout en maintenant la connexion avec les thématiques migratoires.

La montagne, en tant que décor principal, devient un personnage à part entière, symbolisant la frontière entre la vie et la mort. Le réalisme du film est renforcé par le choix des décors, notamment l’habitat de Marie, reflétant sa fragilité au cœur d’une nature oppressante. Le froid, omniprésent, devient un élément esthétique majeur, amplifiant la dramaturgie.
La caméra, proche des acteurs, cherche à capturer l’émotion brute, renforcée par le travail sur la lumière et les couleurs. Stéphane Marchetti, le réalisateur, privilégie une approche émotionnelle pour retranscrire les ambiances nocturnes et montagnardes, créant ainsi une identité visuelle affirmée.
Florence Loiret Caille offre des performances saisissante, renforçant la complexité des personnages. Le tournage dans des conditions extrêmes ajoute une dimension unique à l’expérience cinématographique, créant une cohésion d’équipe palpable à l’écran. Quant à la musique, elle est signée d’Adrien Casalis et contribue à l’atmosphère du film avec des ambiances électroniques et des thèmes sombres, renforçant les tourments intérieurs des personnages.
L’humanité peut-elle encore triompher ?
À un moment où elle aurait pu tourner le dos, elle va accepter de l’aider à retrouver sa sœur. Est-ce un triomphe de l’humanité ou simplement la volonté de réussir une chose dans sa vie.

Le réalisateur explore la frontière entre l’opportunisme et un altruisme authentique, illustré par le personnage de Marie. Initialement focalisée sur ses propres problèmes, sa rencontre avec Souleymane devient une opportunité de sortie de précarité. Cependant, le film dévoile un engrenage où l’opportunisme se transforme progressivement en un geste altruiste, marquant le début d’une prise de conscience pour Marie.
La thématique des rencontres authentiques est mise en avant, transformant les deux protagonistes, Marie et Souleymane. Le réalisateur évite de les enfermer dans des stéréotypes, les rendant ambigus et complexes. Le film aborde ainsi la survie économique et émotionnelle, soulignant la question morale qui l’accompagne.
FLORENCE LOIRET-CAILLE garde La tête froide et défie les éléments !
Dans ce film, Stéphane Marchetti révèle la capacité du personnage de Marie à maintenir son sang-froid dans les moments critiques, offrant ainsi une issue à l’enfer blanc dans lequel elle se trouve. L’ensemble forme un récit captivant, soulignant la réussite du film dans son exploration narrative et sa potentialité à susciter une tension immersive.
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17 janvier 2024 en salle / 1h 32min / Drame, Thriller
De Stéphane Marchetti
Par Stéphane Marchetti, Laurette Polmanss
Avec Florence Loiret-Caille, Saabo Balde, Jonathan Couzinié
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Une réflexion sur “La tête froide : FLORENCE LOIRET-CAILLE défie les éléments !”