Un film troublant avec un Nicolas Cage méconnaissable, mais dont le personnage produit un effet ambivalent sur le spectateur. Comment expliquer que quelqu’un de totalement discret et effacé, sans aucun charisme, arrive brutalement à s’introduire dans les rêves des gens tel un Freddy Krueger.

L’histoire en quelques mots :
Paul Matthews, un père et professeur en perte de vitesse, devient soudain célèbre en apparaissant dans les rêves de millions de personnes. Kristoffer Borgli, réalisateur d’Oslo, nous offre une comédie noire explorant la célébrité éphémère dans l’ère moderne. À travers Paul, incarné de manière inattendue par Nicolas Cage, le film expose les désirs et les complexités de la psyché contemporaine.
À trop vouloir exister, on finit par mourir un peu
Il est drôle de voir combien quelqu’un voulant exister se retrouve brutalement à vouloir retourner à son anonymat. Ce professeur devient la convoitise des gens et le phénomène de société, un peu comme ce même de John Travolta qui arrivait dans des situations improbables.
L’histoire souligne la quête insatiable de célébrité et surtout le désir d’exister aux yeux de ses proches, révélant comment Paul, initialement un homme ordinaire, est propulsé dans la lumière. Le réalisateur Kristoffer Borgli, fidèle à son style, explore les facettes sombres de la vie moderne, dénonçant notre obsession pour la notoriété et les attentes irréalistes qui nous rendent malheureux. La figure de Paul devient le miroir de nos propres désirs et de notre recherche incessante de validation sociale.
D’abord passif, puis progressivement de plus en plus actif, cette évolution de ce personnage onirique s’adapte à l’énergie des rêveurs qui va peu à peu projeter leur insécurité et leur fantasme sur cet être.
On a peur de ce qu’on ne peut contrôler, de ce qu’on ne connait pas. Ce visiteur nocturne est un peu comme l’homme au chapeau, un être à la fois terrifiant et fascinant qui hante les paralysies du sommeil des mortels.
Le thème de l’inconnu et de l’étrangeté dans les rêves suscite une fascination profonde. Les anciennes connaissances reviennent dans nos vies comme s’il se passait quelque chose ou comme si quelque chose n’était pas terminée. Ici, toute la société et les groupes semblent impuissants face à cette psychose collective qui fait qu’un homme obtienne le pouvoir de hanter les rêves de millions d’autres individus. C’est une exploration intrigante de la nature mystérieuse de nos pensées nocturnes, comment pouvons-nous vivre normalement la journée, si la nuit, nous perdons le contrôle ?

Les rêves et l’inconscient, le nœud de nos désirs.
Nicolas Cage, méconnaissable, incarne avec énergie ce personnage complexe. Kristoffer Borgli, adepte de la satire, utilise l’histoire de Paul pour aborder les phénomènes de société tels que la « cancel culture » et les excès de la quête de la célébrité. La dynamique entre la réalité et les rêves explore l’inconscient collectif et les désirs refoulés.
Le film aborde cette question en dévoilant le contenu manifeste des rêves sans négliger le contenu latent, tel que l’aurait analysé Freud dans sa théorie de l’inconscient et de l’analyse des rêves. Il présente ainsi deux facettes distinctes : d’une part, un scénario relativement simple à comprendre, et de l’autre, ce qui se dissimule en arrière-plan, c’est-à-dire ce qui demeure latent.
En exposant la transition du rêve à un cauchemar, le film met en lumière notre appréhension de l’incontrôlable. Malgré nos connaissances et nos exercices, les rêves demeurent un domaine échappant à notre maîtrise totale. Même si l’on peut s’entraîner à les provoquer et à en prendre le contrôle, les rêves restent le royaume de l’inconscient et des désirs inavoués, tout en étant le reflet de nos plus profondes peurs. Ainsi, le film offre une plongée captivante dans la complexité de l’esprit humain et de ses territoires encore inexplorés.
La psychologie moderne, comment les gens peuvent adorer puis haïr brutalement quelqu’un
Le film offre ainsi une réflexion captivante sur la psychologie moderne et les aspirations de la société contemporaine. Le film met en lumière la fragilité de la célébrité, montrant comment elle peut émerger soudainement, tout en soulignant les conséquences délirantes de la recherche incessante de reconnaissance. À travers l’évolution de Paul, passant d’un homme ordinaire à une figure mondialement désirée, le film dévoile les mécanismes complexes qui sous-tendent notre relation avec la célébrité.
Le choix de Nicolas Cage pour incarner Paul apporte une dimension supplémentaire à l’exploration de la psyché du personnage. L’acteur, habitué à des rôles excentriques, se glisse avec enthousiasme dans la peau de Paul, soulignant ainsi l’absurdité de la célébrité soudaine. Cette satire révèle la superficialité de notre société, où la notoriété peut surgir de n’importe où, même des rêves, et disparaître aussi rapidement.

En exposant la dichotomie entre la réalité et les rêves, le réalisateur interroge notre perception de la vie moderne. Les rêves deviennent le reflet de nos désirs les plus profonds, tout en révélant la folie collective qui peut découler de la célébrité. DREAM SCENARIO offre ainsi une vision aiguisée de la condition humaine, où la quête de la célébrité peut transformer un individu ordinaire en une icône mondiale, pour finalement le ramener à l’anonymat et au scandale.
La complexité de l’histoire réside également dans la manière dont le réalisateur aborde des thèmes sociaux brûlants, tels que la « cancel culture ». À travers les réactions de la société face à la notoriété soudaine de Paul, le film met en lumière la cruauté de la société contemporaine et la propension à détruire ceux qui sont élevés au rang de célébrité. Cette exploration acerbe souligne les contradictions et les excès de la culture moderne, interrogeant la nature même de notre fascination pour la célébrité.
DREAM SCENARIO transcende le genre de la comédie noire en offrant une analyse profonde de la psyché humaine et des phénomènes sociaux contemporains. Kristoffer Borgli, à travers son style distinctif, réussit à combiner l’humour et la critique sociale, faisant de ce film une œuvre captivante et pertinente. Nicolas Cage, dans l’un de ses meilleurs rôles, apporte une intensité inégalée à l’exploration des rêves, de la célébrité et des tumultes de la vie moderne. Un chef-d’œuvre qui éclaire avec intelligence les zones d’ombre de notre société et de nos aspirations individuelles.
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27 décembre 2023 en salle / 1h 41min / Comédie, Fantastique
De Kristoffer Borgli
Par Kristoffer Borgli
Avec Nicolas Cage, Julianne Nicholson, Michael Cera
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Une réflexion sur “Dream Scenario, aussi terrifiant qu’un Freddy Krueger Nicolas Cage vient hanter vos nuits”