Roschdy Zem passe devant la caméra de Vincent Perez dans un film se déroulant dans le Paris de 1887. Une affaire d’honneur dévoile minutieusement l’organisation et les règles régissant les duels, à une époque où ces affrontements étaient interdits par le Code pénal depuis 1810.
Doria Tillier, Roschdy Zem, Vincent Perez, Damien Bonnard, Guillaume Gallienne incarnent à merveille des personnages de passions, dans un monde où tout est une affaire d’honneur.

Nous sommes transportés dans une époque étrange entre modernité et tradition. Le personnage incarné par Doria Tillier est intense, une femme se battant pour montrer que les femmes sont les égales des hommes. Face à elle, un maitre d’arme incarné par Roschdy Zem qui souhaite réparation.
Le saviez-vous ? Marie-Rose Astié, authentique figure incarnée brillamment par Doria Tillier, fut une journaliste éminente et une pionnière engagée dans le mouvement féministe. Elle se distingua en tant que l’une des premières militantes à s’opposer à l’Ordonnance de 1800, qui prohibait aux femmes le port de pantalons.
Le film arrive à mettre en perspective la part narcissique dans l’honneur. On comprend rapidement que l’honneur repose beaucoup plus sur une guerre d’égo que de justice ou d’équité. On demande réparation essentiellement lorsque notre amour-propre a été bafoué. Le film souligne la dégringolade sans fin entre des hommes qui veulent sans cesse avoir le dernier mot, sans cesse être considéré meilleur par les armes ou par leurs décorations et leurs titres. En filmant cette surenchère sans chercher à rajouter du pathos, Vincent Perez dévoile les règles régissant les duels. Il nous montre le mécanisme, le tribunal et de quelle manière on peut s’y soustraire en s’excusant, en rampant à condition que l’adversaire accepte d’annuler sa requête.
Un film minutieux
Son réalisateur Vincent Perez, nourri d’une passion de longue date pour l’art du duel, avait toujours rêvé de concrétiser ce désir cinématographique. Malgré une carrière d’acteur émaillée de plus d’une trentaine de combats à l’épée, au sabre et au fleuret, il cherchait encore le moyen et l’époque idéale pour donner vie à ce projet.
L’impulsion décisive survint lors d’une discussion avec Jean Dujardin sur le tournage de « J’accuse« . Son partenaire de jeu raviva l’intérêt de Vincent Perez pour le thème du combat, incitant ainsi le réalisateur à réexaminer son vieux rêve. Sentant enfin prêt, le réalisateur plongea dans des recherches approfondies, découvrant des documents précieux tels que « L’Annuaire du duel, 1880-1889 » sur Internet et le livre « L’art du duel » de 1886.

Travail de Recherches et Contextualisation
Vincent Perez s’est investi dans un travail méticuleux de recherches. Les ressources citées plus haut ont jeté les bases de son film en offrant une mine d’informations sur les techniques du duel, ses armes, ses règles et son protocole.
Pour contextualiser son récit, il a choisi l’année 1887, une période charnière marquée par des changements technologiques et sociétaux. L’éclairage électrique, l’avènement du gramophone, la motorisation des véhicules et la construction de la tour Eiffel ont créé une toile de fond représentative du passage entre le XIXe et le XXe siècle. Vincent Perez a également créé un protagoniste, Clément Lacaze, façonné par ses propres expériences d’escrime et inspiré par des maîtres d’armes marquants ainsi que des héros de cinéma emblématiques.
________________
27 décembre 2023 en salle / 1h 40min / Drame, Historique
De Vincent Perez
Par Vincent Perez, Karine Silla
Avec Roschdy Zem, Doria Tillier, Guillaume Gallienne
Le code des duels
Au début du 19e siècle en France, les duels étaient régis par un code de conduite informel qui évoluait au fil du temps. Il est important de noter que les duels étaient illégaux, mais ils étaient encore largement pratiqués et souvent tolérés socialement. Voici un aperçu des principales règles associées aux duels pendant cette période :
Défis et Provocations : Les duels étaient souvent précédés par des provocations verbales ou écrites. Un individu se sentant offensé pouvait lancer un défi à son adversaire.
Choix des Armes : Les participants avaient le droit de choisir leurs armes, généralement des épées, des pistolets ou des sabres. Le choix dépendait généralement de la nature de l’offense ou des préférences des duellistes.
Témoins : Chaque duelliste avait le droit de choisir des témoins pour assister au duel et témoigner en cas de besoin.
Terrain : Les duels se déroulaient fréquemment sur des terrains isolés, loin des regards indiscrets. Des lieux spécifiques, tels que des champs déserts ou des bois, étaient souvent choisis.
Second : Chaque duelliste était généralement accompagné d’un « second », un ami ou un représentant, qui pouvait négocier avec l’autre partie pour résoudre le différend avant le duel ou intervenir en cas de blessure grave.
Protocole : Avant le duel, un protocole rigoureux était suivi, y compris la mesure des armes pour s’assurer qu’elles étaient égales et la délimitation d’une zone de combat.
Issue : Les duels se terminaient souvent à la première blessure ou lorsque l’un des duellistes se retirait. La mort n’était pas toujours l’objectif, et parfois, une simple blessure suffisait à rétablir l’honneur.
Il est important de souligner que malgré ces règles, les duels étaient dangereux et parfois mortels. Ils étaient également sévèrement critiqués par certaines factions de la société, et des efforts ont été faits au fil du temps pour les décourager. En 1810, Napoléon Bonaparte promulguait même une loi interdisant les duels, bien que cette interdiction ne soit pas toujours respectée.

Les maitres d’armes
Au cours de l’histoire des duels, il était souvent stipulé que les maîtres d’armes, en tant que professionnels compétents dans le maniement des armes, ne pouvaient pas agir en tant que témoins ou seconds dans les duels. Cette restriction était basée sur plusieurs raisons pratiques et éthiques :
Conflit d’Intérêts : Les maîtres d’armes étaient souvent des instructeurs d’escrime ou de tir, et ils pouvaient être considérés comme ayant un intérêt professionnel dans le déroulement des duels. Leur objectivité en tant que témoins ou seconds pouvait être remise en question, car leur réputation pouvait être affectée par l’issue du duel.
Responsabilité Légale : En tant que professionnels, les maîtres d’armes étaient fréquemment soumis à des réglementations strictes concernant l’enseignement des techniques de combat. S’impliquer directement dans un duel, en tant que témoin ou second, aurait pu les exposer à des responsabilités légales en cas de blessure grave ou de décès.
Prévention de la Violence : Les maîtres d’armes étaient souvent des partisans de l’escrime en tant que sport et art, plutôt que comme moyen de résoudre des conflits personnels. En décourageant leur participation aux duels en tant que témoins ou seconds, on cherchait à promouvoir une approche plus éthique de la résolution des différends.
Évitement de la Promotion des Duels : En encourageant les maîtres d’armes à rester en dehors du processus du duel, on espérait réduire la légitimité sociale de cette pratique et, à terme, décourager son existence.
En savoir plus sur Direct-Actu.fr le blogzine de la culture pop et alternative
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.


Une réflexion sur “Une affaire d’honneur, Vincent Perez devant et derrière la caméra en duel face à Roschdy Zem”