SÉBASTIEN VANIČEK propose une leçon de style réussie, en reprenant les codes de l’horreur et des films axés sur la jeunesse désirant casser le plafond de verre. Avec une même unité de lieu, d’espace et de temps, on ne peut s’empêcher de penser à La Tour de GUILLAUME NICLOUX ; un autre film ayant osé sortir des sentiers battus du drame et de la comédie pour aller vers le film de genre !

Le projet du film « Vermines » a émergé après une quinzaine d’années de courts métrages. La rencontre avec Etienne Ement, producteur, fut déterminante. Le réalisateur, issu de Noisy-le-Grand, a exploré des thèmes personnels à travers des courts métrages, dont « Mayday » et « Crocs« . En 2020, avec la création de Lourd Métrage, il s’est consacré pleinement au cinéma.
Le producteur Harry Tordjman et Netflix ont soutenu « Vermines« , qui aborde les thèmes du « syndrome du banlieusard », du délit de faciès, et des violences policières, sans verser dans le manichéisme. L’intrigue, mettant en scène une invasion d’araignées dans une banlieue, permet d’explorer ces sujets de manière divertissante et politique. Le film adopte des codes de film de genre pour traiter ces thèmes sérieux. « Vermines » est également un récit d’apprentissage pour le protagoniste Kaleb, entouré d’une bande formée autour de lui.
Le syndrome du banlieusard
Ce syndrome encapsule la marginalisation et les défis socio-économiques des habitants des banlieues, illustrant des opportunités limitées, des préjugés et un accès restreint aux ressources. Dans « Vermines« , ce concept prend vie en reflétant les luttes du réalisateur issu de Noisy-le-Grand, mettant en lumière les obstacles tels que la stigmatisation, le délit de faciès et la recherche d’une identité valorisée. Le film propose une exploration cinématographique immersive pour mieux comprendre la réalité des banlieusards et remettre en question les préjugés qui les entourent.
Métaphoriquement, l’araignée devient le banlieusard, traité comme de la vermine. Cette vision allégorique sert à explorer les complexités sociales. Le réalisateur, imprégné du « syndrome du banlieusard« , exprime ses propres luttes à travers l’invasion des arachnides. L’histoire, mêlant horreur et politique, utilise les codes du genre pour dénoncer les inégalités et encourager une réflexion plus profonde sur les préjugés. Ainsi, les araignées deviennent bien plus que des créatures effrayantes, incarnant les défis et les aspirations des habitants des banlieues.

On est touché par la solidarité et aussi le respect de Kaleb pour les anciens. Il n’a pas peur de se mettre en danger pour défendre et faire évacuer les plus faibles. Il agit sans cesse pour les autres, en espérant réussir un jour de son côté à sortir de la cité. Il ne fuit pas, il veut conjuguer à la fois avec son origine sociale et ses désirs, en rêvant de construire un vivarium géant dans la cité.
Un casting et des effets spéciaux réussis
Le casting, la musique, et les effets spéciaux contribuent à créer une expérience immersive. Le film, tout en évoquant les confinements vécus, cherche à émanciper le genre du film d’horreur en montrant une image positive de la banlieue et en intégrant des éléments humoristiques. On note également la prestation des différents comédiens, dont Lisa Nyarko et Sofia Lesaffre les deux figures féminines du film. Elles incarnent l’espoir et le rêve de faire des études, de monter son entreprise. THÉO CHRISTINE est une belle découverte, quant à Finnegan Oldfiled, il devient l’un des acteurs de sa génération à suivre de près pour la richesse de ses différents rôles.
On notera aussi le message derrière ce film, celui de la protection animale, soulignant que même une araignée terrifiante n’est pas nécessairement notre ennemi, et dénonçant le trafic et la condition des animaux.
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27 décembre 2023 en salle / 1h 43min / Epouvante-horreur
De Sébastien Vaniček
Par Sébastien Vaniček, Florent Bernard
Avec Théo Christine, Lisa Nyarko, Jérôme Niel
Quelques mots sur la peur des araignées, c’est héréditaire !
L’arachnophobie est la phobie des araignées, selon une publication de 2009 de Schmitt WJ, Müri RM. environ 6% de la population aurait peur des araignées !
La peur des araignées et des serpents semble être innée, selon des chercheurs allemands de l’Institut Max Planck. En observant les réactions de stress chez des bébés de six mois exposés à ces animaux, ils ont noté un changement dans la taille des pupilles, signalant l’activation du système noradrénergique du cerveau lié au stress. Même dans des pays où le risque est faible, cette peur persiste, évoluant parfois en phobie.
Les mécanismes dans le cerveau humain réagissent rapidement à ces animaux, héritage d’une cohabitation évolutive de 40 à 60 millions d’années. En comparaison, d’autres dangers récents n’ont pas déclenché de réactions similaires. Ces résultats sont publiés dans la revue Frontiers in Psychology.
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2 réflexions sur “Vermines, SÉBASTIEN VANIČEK évoque le syndrome du banlieusard à travers une allégorie”