Un film en nuances qui révèle le quotidien difficile des travailleurs sociaux dans les hébergements des personnes en difficulté. Entre devoir de réinsertion et contingente administrative, il y a un combat émotionnel continu où les travailleurs vont chercher à se blinder pour ne pas souffrir quand cela se termine mal.
Entre dissonance cognitive et réalisme :
Le spectateur observe cette association essayant d’aider au maximum, mais qui ne le pouvant pas, car on peut pas sauver tout le monde. Comme il est si bien dit «On n’est pas là pour sauver, mais pour réinsérer».
Pour son film, le réalisateur Bryan Marciano s’est beaucoup intéressé aux associations comme «Le Refuge» venant en aide aux personnes abandonnées, harcelées ou encore mutilées à cause de leurs différences.
Le film démarre ainsi : Alex doit effectuer des TIG dans cette association et le spectateur adopte ce même regard extérieur. Au début, il arrive en trainant des pieds, mais les différents parcours de vie viennent fracasser ses préjugés et il est touché par ces personnes en reconstruction totale. Le film montre des situations concrètes où l’administration dépose au-dessus de la tête des associations une épée de Damoclès entre agréments et calendrier à suivre à la minute près.

Les personnes ayant déjà rencontré des travailleurs sociaux participant à la vie de structure comme «Le refuge» pourront témoigner des parcours de vie. Des victimes du rejet, de la violence, d’exorcismes, des séquestrations ou encore des thérapies de conversion sous prétexte que l’Homosexualité est une simple déviance pouvant être rééduquée. Ces jeunes vont souvent être en situation de décrochage et frôler pour la majorité la rue. Même si ce film est une fiction, il effleure des parcours précis, mais il en existe des millions d’autres qui resteront sous silence.
Coté casting, Finnegan Oldfield est touchant dans son rôle d’Alex et Valérie Lemercier donne un visage à ces personnes œuvrant en silence pour la réinsertion de la dernière chance.
La genèse du film
L’origine du projet cinématographique « L’Arche de Noé » remonte à un moment où le réalisateur Bryan Marciano a été profondément touché par un reportage sur une association accueillant des jeunes LGBT. Séduit par la diversité des profils et des histoires, il a mûri l’idée d’un huis clos rassemblant des individus aux parcours singuliers mais partageant une problématique commune. Son exploration des coulisses a débuté avec une approche délicate de l’association, initialement anticipant des récits poignants mais se retrouvant plutôt dans un tumulte surprenant. Ce fut le point de départ d’entretiens passionnants, révélant la force de ces jeunes en « béton armé » face à des vies difficiles, tout en mettant en lumière leur pudeur et leurs non-dits, donnant naissance à l’urgence du film.

Casting et Mise en Scène :
Durant plusieurs mois d’immersion au sein de différentes associations à travers la France, le réalisateur a rencontré des individus extraordinaires, mais ce ne sont pas les tragédies attendues qui l’ont le plus marqué. C’est plutôt la pudeur et les aspects plus légers de la vie de ces jeunes qui ont éveillé en lui une émotion profonde.
Côté réalisation, il a opté pour une approche dynamique initiale avant de privilégier des plans fixes et longs, jonglant avec la contrainte économique pour sculpter le film dès le tournage. En ce qui concerne le casting, le choix de Valérie Lemercier pour le rôle principal était guidé par son profil émotionnel et drôle, lui permettant de transcender les stéréotypes.
L’Arche de Noé se veut être un film choral, sincère et non dénué d’humour. Explorant la diversité de ses personnages dans un lieu-clos atemporel, laissant le spectateur avec une référence biblique et une image symbolique du déluge comme absolution.
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22 novembre 2023 en salle / 1h 45min / Comédie dramatique
De Bryan Marciano
Avec Valérie Lemercier, Finnegan Oldfield, Elsa Guedj
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Une réflexion sur “L’arche de Noë, un rufuge pour ceux en réinsertion”