How To Have Sex, une histoire de sexe et de pression sociale


H​ow To Have Sex, est un mélange de Skins et des films​ comédies ​s​ur les spring break​s. Il est résolument contemporain, nous plongeant dans l’univers de la jeunesse où l’apparence revêt une importance cruciale. Tout semble tourner autour du « je veux faire comme tout le monde« . En approfondissant un peu plus, on découvre une réalité complexe, faite de non-dits et d’un malaise profond lié aux premières expériences, qui sont souvent regrettées, où le consentement est souvent flou, voire inexistant.

Le film explore avec finesse les enjeux de cette jeunesse en quête d’identité, confrontée à des dilemmes moraux et émotionnels, offrant ainsi un aperçu poignant des tourments qui se cachent derrière les apparences.

La sortie du lycée une zone charnière, l’acmé de la pression sociale.

Dans ce contexte, le film se déroule à la sortie du lycée, un moment charnière où l’on se cherche encore, où l’on croit être des adultes. En réalité, ces jeunes adultes sont encore en quête d’identité, tâtonnant dans l’obscurité de leurs émotions et de leurs désirs. Cette période fragile est souvent un terrain propice aux dérapages, avec les sollicitations constantes, la pression sociale, l’expérimentation de l’alcool et parfois même de la drogue.

La réalisatrice Molly Manning Walker réussit à capter l’essence de cette période de transition, mêlant habilement les aspects festifs et insouciants de la jeunesse avec les moments de doute, de confusion, et de remords. À travers des personnages nuancés comme celui de TARA, qui démarre insouciante avec beaucoup d’idée sur sa première fois et pense que c’est quelque chose de futile. Souvent la première fois est quelque chose qu’on attend et veut faire à tout prix pour s’en débarrasser, sans prendre en compte la complexité de la part émotionnelle. Le film incite à remettre en question les normes sociales et à réfléchir sur la notion de consentement, tout en nous rappelant que la jeunesse est une période où l’apprentissage, la croissance, et la recherche de soi sont inextricablement liés. Il est compliqué de parler de consentement lorsqu’il y a une pression sociale invisible. Accepter de coucher uniquement pour faire comme les autres ou entrer dans un groupe ou une fraternité est en soi une forme de tortue psychologique invisible pouvant créer des conséquences sur les relations futures.

Comment tourner du sex et des viols

Tourner ces scènes était compliqué, la réalisatrice révèle le malaise des acteurs à faire des gestes et des actes. Cette violence commise parfois inconsciemment ou par des amis ne laisse pas indemne lorsque la prise de conscience a lieu.
Bien souvent les hommes avouent ne pas avoir eu conscience de leur geste, car elle était (un peu) ivre, car elle était très tactile, car elle a accepté de venir avec eux quelque part. Il y a les cas où elles disent oui et pendant l’acte disent subitement non. On fait fréquemment l’analogie à la tasse de café pour faire une meilleure compréhension du consentement, mais prendre l’exemple d’un repas serait plus juste.

Combien de fois avez-vous mangé sans avoir envie de manger, combien de fois vous vous êtes forcés car l’autre n’a pas compris que vous ne vouliez plus.
Une pression sociale, un geste qu’on s’inflige par politesse ou pour éviter des questions. Ici Tara veut perdre sa virginité pour rentrer dans une case et ne pas paraitre la petite ado coincée. Au départ, elle était surtout attirée Badger, mais termine par dépit avec Paddy à la plage. Elle avait répondu positivement à Paddy par colère du comportement de Badger.

Peut-on pardonner Paddy pour son geste ?

Paddy n’est pas pardonnable dans ce récit, elle lui explique à mainte reprise vouloir dormir, mais lui continue. Avant cela, elle lui avait dit avoir trop bu et ne pas se souvenir de la soirée à la plage, un moyen de lui dire subtilement qu’elle n’a pas accepté pleinement la chose, mais dans un état second. Ce dernier n’entend rien et continuera à prendre un oui à un intant T comme un oui définitif pour toujours. L’apprentissage du consentement est nécessaire pour éviter de devenir comme Paddy, que Badger décrit comme intrusif, lourd et un peu con.
Le consentement est aussi savoir décoder les expressions, les non-dits. Et si quelqu’un vous dit oui, si cette personne revient sur cela, il faut arrêter.

Une analyse fine de la pression sociale causée par la norme

On a tendance à imposer l’idée que l’alcool est nécessaire pour passer une bonne soirée. Les jeunes vont même jusqu’à affirmer que ne pas boire ou consommer est un signe d’être trop ringard ou de ne pas savoir s’amuser. Pour être accepté par le groupe, les jeunes et même les adultes acceptent souvent de faire des choses pouvant aller à l’encontre de leur propre morale. Combien sont ceux qui ont commencé à fumer uniquement sous l’incitation des autres ? Pourtant, l’éducation et la prévention vous avertissent des dangers du tabac, mais la pression sociale invisible fait que vous finissez par fumer pour être cool comme le reste du groupe.

Il est difficile pour un adolescent de vivre l’exclusion, et à l’âge adulte, cette exclusion persiste et motive de nombreuses injustices envers les minorités ou les individus atypiques qui refusent de suivre la norme. Souvenez-vous au lycée des camarades qui refusaient de boire ou de fumer. Rapidement, s’ils n’avaient rien de plus fort à proposer pour renforcer leur popularité, ils étaient exclus du groupe. Ici, le sex est présenté comme un rite de passage et surtout un critère pour être accepté par le groupe.

Un peu comme quand on dit que ce sont « les gamins qui ne boivent pas », Ce groupe de jeunes filles est obnubilé par l’idée de perdre leur virginité avant l’université. Elles se réfèrent sans cesse à des connaissances disant l’avoir déjà fait. N’oublions pas que personne ne peut réellement prouver ce qui se passe dans les chambres à coucher sinon les « on dit que ». Ce qui n’est pas explicitement mentionné, c’est la singularité de l’héroïne qui a conscience qu’elle n’ira pas à la fac. Elle est déterminée à prouver à son groupe d’amies qu’elle restera la personne la plus cool malgré son échec aux examens. Cette consommation d’alcool pour oublier, pour tenter de fuir la réalité, peut aussi être interprétée comme un appel à l’aide à travers un comportement à risques. Le filmHow to have sex rappelle à quel point la sexualité et l’alcool ne font pas bon ménage.

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Note : 5 sur 5.

15 novembre 2023 en salle / 1h 28min / Drame
De Molly Manning Walker
Par Molly Manning Walker
Avec Mia McKenna-BruceShaun ThomasLara Peake



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