Le film met en lumière des individus qui se donnent sans réserve, incapables de refuser de peur de décevoir ou d’être rejetés par les autres. Il explore également le fardeau des racines et le devoir implicite que certaines personnes s’imposent. Tout au long de leur vie, ils cherchent à rendre fiers ceux qu’ils admirent, ressentant l’obligation de rétribuer les sacrifices consentis en leur nom.

Les thèmes des origines, du deuil et de l’absence paternelle s’entrelacent pour créer un film grandiose. En suivant le récit centré sur une matriarche, nous prenons conscience de l’immense dévouement de nos parents, parfois isolés, qui sacrifient énormément pour nous et essaient toujours de faire au mieux. L’importance de la famille arménienne se révèle, malgré les commémorations et les opinions sur l’Arménie, tous ceux qui vivent dans le monde portent en eux la responsabilité d’honorer leurs racines. Rien n’est plus émouvant que de voir deux amoureux troublés par le désir de bâtir une famille, perpétuant leur héritage familial, leur amour et leurs valeurs, conférant ainsi une notion d’éternité à travers la transmission.
En fin de compte, le film souligne que la famille, malgré les liens du sang, est également constituée de personnes que l’on choisit. Il rappelle que l’âge n’est pas un obstacle pour prendre son envol, partir ou aimer à nouveau. Il rappelle aussi l’importance de savoir écouter ceux qui nous entour et savoir déceler quand quelqu’un qui a l’habitude de toujours dire oui, n’est plus en mesure de continuer à le faire pleinement.
Les sources d’inspiration au film
L’origine du projet du film trouve son inspiration dans le parcours de la femme politique Michèle Rubirola. Le réalisateur Robert Guédiguian a été intrigué par sa situation, contrainte d’accepter le poste de tête de liste de la gauche pour les élections municipales à Marseille malgré son refus initial. Cette situation l’a amenée à être élue maire, puis à démissionner peu de temps après.
Le dilemme de Michèle Rubirola entre les attentes de sa famille politique et son désir de prendre du recul a servi de motif central au film, bien que le réalisateur ait décidé de ne pas reconstituer son histoire de manière historique ou journalistique, mais plutôt de l’aborder de manière métaphorique et poétique. Ce qui donne un peu plus de légèreté au film et permet aussi de développer le quotidien des différents membres de la famille. Nous sommes dans un film qui tendrait à la chorale sans pour autant en être un.

Le film explore la politique à travers des personnages de différentes générations, mettant en lumière la façon dont la pression politique peut affecter la vie personnelle. Il s’agit également d’un hommage à la ville de Marseille et aux mobilisations populaires après la tragédie de la rue d’Aubagne. Le réalisateur estime que ces mobilisations ont joué un rôle dans la victoire de la gauche aux élections municipales. Le film ne se concentre pas directement sur l’événement de la rue d’Aubagne, mais il en constitue le centre de gravité, autour duquel les personnages évoluent.
Le film est conçu comme une forme d’Agitprop, explorant divers aspects de la société actuelle et interrogeant l’air du temps tout en présentant des voies nouvelles basées sur le partage et la démocratie. Le titre du film, « Et la fête continue ! », reflète l’intention de proposer une vision optimiste, malgré les dilemmes et la mélancolie qui peuvent surgir dans la vie de ses personnages. Le film est également parsemé de citations littéraires qui témoignent de la culture et des réflexions des personnages, enrichissant ainsi l’histoire.
L’Agitprop est une forme artistique de propagande politique visant à influencer l’opinion publique, souvent associée à des mouvements révolutionnaires ou idéologiques.
Actrices et acteurs fétiches
Robert Guédiguian a tenu à retrouver ses actrices et acteurs fétiches pour ce projet, notamment Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Lola Naymark, Grégoire Leprince-Ringuet et Robinson Stévenin. Ces retrouvailles soulignent la collaboration de longue date entre Guédiguian et son équipe, renforçant la cohésion artistique qui caractérise ses films. Le cinéaste a également évoqué son approche de la réalisation en utilisant des choix visuels spécifiques pour créer une image à la fois irréaliste et réaliste, contribuant ainsi à l’expression artistique du film. « Et la fête continue ! » incarne ainsi une continuité dans le style de Guédiguian tout en explorant de nouveaux horizons thématiques et narratifs.

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15 novembre 2023 en salle / 1h 46min / Comédie dramatique
De Robert Guédiguian
Par Robert Guédiguian, Serge Valletti
Avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark
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