Deux portraits de femmes incarnés à l’écran par deux actrices qui transcendent leur personnage. Eiman Yousif (Mona) et SIran Riak (Julia) incarnent avec brio ces deux pôles d’un pays, où au peuple éclaté en deux, où la reconstruction de l’identité est difficile. Goodbye Julia est un appel à l’unité aussi édifiante que les paroles chantées en secret par Mona.

Le film traite d’une relation étrange qui va naître entre une riche soudanaise musulmane du Nord à une soudanaise chrétienne du Sud. Deux mondes, deux aspirations et pourtant une même soif de liberté.

Mona voit Julia avec les yeux d’une femme dans un pays où beaucoup d’hommes regardent les sudistes comme des sous-hommes dépourvus de droit, des êtres uniquement bons à être des esclaves.

La guérison de soi et le désir d’unicité d’un pays.

Durant ce long périple audiovisuel, Mona va tenter de réparer le meurtre du mari de Julia. Elle veut agir pour obtenir le pardon et pouvoir faire la paix avec elle-même. Il s’agit d’un processus de prise de conscience de ses erreurs, de responsabilisation, de réflexion profonde et d’actions visant à se libérer du fardeau de la culpabilité ou du remords.

Le but ultime est de parvenir à un état d’acceptation de soi, de paix intérieure et d’harmonie émotionnelle en dépassant les conflits internes pour avancer vers une vie plus épanouissante et équilibrée. Pour Mona, tous les hommes et surtout son mari doivent agir pour réussir à créer une forme d’harmonie et seulement à ce moment précis ils pourront réellement être heureux.

Mona semble aussi avoir une certaine fascination pour Julia, qui est libre, a voyagé, dit ce qu’elle pense, peut se balader sans porter de voile, chante et va où bon lui semble. De plus, Julia possède quelque chose que Mona ne peut avoir, un enfant. À travers ce récit de guérison, on peut également interpréter ce rapprochement comme une tentative de vivre par procuration la maternité en accueillant chez elle Julia et son fils.

Comprendre le contexte socio-politique de Goodbye Julia

Le film de Mohamed Kordofani parle avec justesse de cette tentative de réparation et de guérison dans un pays où le climat politique est enflammé.
Un conflit principalement alimenté par des différences ethniques, culturelles, religieuses et économiques. Pendant des décennies, le Nord, essentiellement arabe et musulman, a exercé un contrôle politique, économique et culturel sur le Sud, composé de populations majoritairement chrétiennes et animistes, avec des identités ethniques diverses.

Les inégalités économiques et le partage des ressources, notamment le pétrole, ont exacerbé les tensions. Le conflit a culminé avec une guerre civile prolongée qui a duré de 1983 à 2005, aboutissant à un accord de paix global en 2005 et à l’indépendance du Sud en 2011, créant ainsi la République du Soudan du Sud. Cependant, des défis subsistent, notamment des tensions internes et des conflits locaux, en dépit de l’indépendance du Sud, ce qui montre que la situation au Soudan demeure complexe et fragile.

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8 novembre 2023 en salle / 2h 00min / Drame
De Mohamed Kordofani
Par Mohamed Kordofani
Avec Eiman Yousif, Siran Riak, Nazar Goma
Titre original Wadaean Julia