Un film édifiant sur le combat d’une vie. Un gros coup de cœur pour la photographie exceptionnelle de Renaud Chassaing. Nous saluons également le choix d’une narration claire et poétique, utilisant une symétrie entre l’ouverture démarrant par un rêve dans un désert apocalyptique et une clôture se déroulant dans un rêve. Le film mêle récit véridique et réflexion sur l’œuvre d’une vie. Un film titanesque de Frédéric Tellier avec un Benjamin Lavernhe métamorphosé interprétant l’Abbé comme s’il était possédé par la grandeur de son personnage.

La construction de l’Abbé Pierre et son combat contre l’immondicité du monde

Le réalisateur nous emporte dès la fin d’adolescence jusqu’à son long parcours en tant qu’Abbé Pierre, un pseudo-utilisé durant la guerre. Au commencement de son combat, il était avant tout quelqu’un voulant fuir le simple titre de curé en charge de la paroisse d’une petite ville de campagne. Il veut que sa vie soit celle d’un apôtre, celle d’un homme œuvrant pour changer le monde. Il pensa en premier lieu que sa vocation devait faire de lui un capucin, mais sa santé fragile l’en empêche.

En allant à la guerre, en se battant, il va peu à peu donner un sens à sa vie, celui d’être en résistance, celui d’agir dans le concret. Dans son combat social, il va vouloir dépenser tout et ne jamais spéculer. Le film tente de montrer un homme révolté, un homme indigné, qui place sa foi dans la capacité à croire que l’Homme a besoin d’amour avant l’enrichissement personnel.

Ses espoirs l’aident à supporter l’immondicité du Monde. Pourtant, ce film rappelle combien l’amour est essentiel, nous devons continuer à essayer de croire dans le meilleur de chacun des hommes que nous croisons. En choisissant le chemin des bonnes œuvres, nous plaçons notre avenir dans notre prochain, c’est un pari sur l’avenir et celui des autres en qui on a mis notre amour. En faisant confiance en quelqu’un, en essayant de lui donner une raison aussi de retrouver la confiance et un amour-propre, nous faisons une preuve d’amour.

Aimer quelqu’un c’est croire en son plein potentiel

Cet acte d’amour ressemble un peu à la thèse développée par Claude Houde autour du plein potentiel. Aimer quelqu’un, c’est bien plus que ressentir de l’affection ; c’est également lui offrir un soutien inestimable pour qu’il puisse exploiter tout son potentiel. En cultivant un environnement empreint d’amour, de compréhension et d’encouragement, on permet à cette personne de s’épanouir, de se sentir en confiance pour réaliser ses rêves et surmonter ses défis. L’amour véritable, en poussant l’autre à grandir et à briller, devient ainsi un catalyseur puissant pour la réalisation de son plein potentiel. L’Abbé Pierre utilise cet amour en choisissant d’aider les plus démunis, mais surtout en enrôlant des laissés-pour-compte dans son combat pour construire Les Compagnons d’Emmaüs.

Quelques mots sur son œuvre et sa création

L’Abbé Pierre, de son vrai nom Henri Grouès, a jeté les bases de sa fondation, « Les Compagnons d’Emmaüs », en 1949, dans le but de lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Inspiré par sa foi chrétienne et profondément touché par le sort des sans-abri après la Seconde Guerre mondiale, il a rassemblé un groupe de bénévoles dévoués pour offrir un abri, de la nourriture et de l’espoir aux plus démunis. Cette fondation, au fil des décennies, est devenue un acteur majeur de l’assistance aux personnes sans domicile fixe en France, incarnant les valeurs de solidarité et de charité prônées par l’Abbé Pierre.

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8 novembre 2023 en salle / 2h 18min / Biopic, Drame
De Frédéric Tellier
Par Frédéric Tellier, Olivier Gorce
Avec Benjamin Lavernhe, Emmanuelle Bercot, Michel Vuillermoz