Le film Bernadette dévoile comment la compagne de Jacques Chirac a su réinventer le rôle de première dame.
Un biopic librement inspirée de la vie de Bernadette Chirac, à la fois drôle et efficace !
L’Art de la désobéissance : Comment devenir la première dame de France
Pour la création de son film, Léa Domenach, la réalisatrice a été inspirée par le documentaire « Bernadette Chirac, mémoire d’une femme libre » d’Anne Barrère. Ce documentaire a permis de montrer une facette de Bernadette Chirac que beaucoup ne connaissaient pas, à savoir sa liberté de parole et son sens de l’humour malgré son âge avancé. Cette découverte a incité Léa Domenach à raconter l’histoire de Bernadette Chirac d’une manière divertissante. Et c’est indéniable, durant tout le film, on découvre quelqu’un de drôle, d’un franc parlé sans faille.

Pour devenir une première dame appréciée en France, elle a emprunté une stratégie inspirée de Lady Di et des Britanniques. Elle s’est investie dans des œuvres caritatives en lançant les « Pièces Jaunes » et a également fondé « La Maison de Solène. » Ces initiatives ont rencontré un franc succès, avec 71 % des Français affirmant aimer la première dame. Et c’est d’ailleurs par ses différentes apparitions publiques et son sens de la répartie qu’elle a peu à peu su se créer une place dans la vie des Français.
Pour accentuer ce côté Pop et l’ADN du film, plusieurs titres ont été intégrés dans une réinterprétation théâtrale, tel que Dieu m’a donné la foi d’Ophelie Winter. Ces différentes reprises pop apportent quelque chose de dynamique et presque comédie musicale. En effet, ces différents apartés musicaux font avancer l’action tout en y donner une dimension colorée et satirique à des situations parfois invraisemblable pour notre génération.
La femme en France : un modèle à déconstruire et à reconstruire
Le film explore la place des femmes en France, mettant en évidence un modèle à la fois à reconstruire et à déconstruire. À l’époque, les femmes étaient éduquées au même titre que leurs époux, mais elles étaient souvent contraintes de faire des sacrifices et de rester dans l’ombre de leurs partenaires masculins.
Cette réalité se reflète dans la relation complexe entre Bernadette Chirac et ses deux filles, illustrant les défis auxquels les femmes étaient confrontées pour trouver leur position dans la société et au sein de leur propre famille.
À maintes reprises, l’époux président n’écoute pas sa femme et s’en moque, mais lorsqu’il se voit confronté à un second tour face à Jean-Marie Lepen, il constate que ses conseillers manquaient de clairvoyance. À chaque fois qu’elle commence à faire l’unanimité, elle est rapidement rappelée à se mettre sur le côté et laisser son mari briller.

Une satire bienveillante
La force de ce film est de vouloir faire une satire bienveillante du couple présidentiel. La réalisatrice a choisi de raconter le parcours de Bernadette Chirac à travers une comédie, et cela permet d’aider le public à s’attacher à cette dame souvent méconnue. L’humour permettait de prendre de la distance tout en faisant passer des messages. Ainsi, le film dévoile un visage et aussi un contexte social indéniable, le rôle des femmes dans les années 60-80. Léa explique avoir utilisé le ton de l’humour et de la fable, où il n’est pas question de se moquer des personnages, mais de suivre la revanche d’une femme. Quant au casting, on sent rapidement que chacun des comédiens ont réellement participer au film en apportant une «certaine tendresse à leur égard».
Même si le film est une fiction librement inspirée de la vraie vie de Bernadette Chirac, le scénario est basé sur des faits avérés. La co-scénariste Clémence Dargent et la réalisatrice-scénariste ont lu et regardé tout ce qui était possible sur le couple Chirac, et en ont tiré un grand nombre de petites phrases et d’anecdotes qui ont servi à écrire le film, en respectant à la lettre la chronologie, de 1995, l’année où Jacques Chirac devient Président de la République, à 2007, date de la fin de son deuxième mandat. De plus, en étant la fille du journaliste politique Nicolas Domenach, la réalisatrice ne pouvait se permettre de faire trop d’écart avec la réalité. Le film jongle entre faits concrets et fictions permettant de créer du lien entre les différents épisodes de la Grande Histoire. Le caractère de Bernadette a également été adouci et celui de son époux est légèrement différent que celui souvent montré dans les reportages.
Initialement, le film devait s’intituler La Tortue en référence au surnom donné par Jacques Chirac à son épouse, Bernadette Chirac. Cependant, le titre final, Bernadette, reflète davantage l’accent mis sur le personnage central de Bernadette Chirac et son parcours personnel. On essaie de montrer comment elle a dû construire une place dans un monde différent du nôtre. Ce parti pris n’est pas anodin et il souligne encore mieux l’envie de la réalisatrice de faire une fable sur les Épouses en France.
En comprenant ce choix de réalisation, on comprend mieux pourquoi l’aspect politique est très minimisé et cependant conserve le chapitre du 21 avril 2002 : date du premier tour de l’élection présidentielle française, qui a vu Jean-Marie Le Pen (FN) se qualifier pour le second tour face à Jacques Chirac. Dans toute fable, il y a une leçon à tirer, ici celle de l’importance de savoir écouter ses proches.
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4 octobre 2023 en salle / 1h 32min / Comédie
De Léa Domenach
Par Léa Domenach, Clémence Dargent
Avec Catherine Deneuve, Denis Podalydès, Michel Vuillermoz
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