Henri Désiré Landru, plus connu sous le sinistre surnom du « Barbe-Bleue de Gambais », demeure une figure à la fois énigmatique et effrayante dans l’histoire criminelle française. Il est devenu célèbre pour une série de meurtres qui ont eu lieu entre 1915 et 1919, période déjà marquée par l’horreur de la Première Guerre mondiale. Landru aurait tué dix femmes ainsi que le fils de l’une d’elles, en découpant leurs corps en morceaux et en les brûlant, d’où le surnom « Barbe-Bleue » associé à son nom.

Avant de sombrer dans l’horreur, Landru était un mécanicien et a même inventé un prototype de bicyclette motorisée en 1899. Il a déposé un brevet, mais son ambition financière excessive l’a poussé à arnaquer ses investisseurs, un premier pas dans le monde de l’escroquerie qui précède ses crimes macabres. Landru a utilisé son charme pour séduire des femmes, souvent des veuves ou des célibataires isolées, par le biais de petites annonces matrimoniales. Une fois fiancées voire mariées, il les volait et les assassinait.

L’affaire Landru a captivé l’attention des médias de l’époque, et son procès en novembre 1921 à Versailles est devenu un véritable spectacle. Malgré les preuves accablantes et les témoignages de nombreuses victimes, Landru n’a jamais avoué ses crimes. Les corps des victimes n’ont jamais été retrouvés, car il les aurait brûlés dans la cuisinière de la villa qu’il louait à Gambais. Il a été condamné à la peine de mort et exécuté en février 1922.

L’affaire Landru est devenue une légende en France, suscitant l’intérêt de la presse, du théâtre, de la littérature et du cinéma. Landru a même reçu plus de 800 demandes en mariage en prison, témoignant de l’hybristophilie démesurée qu’il a suscitée. Sa répartie humoristique et sarcastique lors du procès, ainsi que sa personnalité intrigante, ont contribué à la fascination continue pour ce tueur en série présumé.

Un détail étrange de l’histoire est que l’homme qui a commis des actes si horribles ait inventé le vélo à moteur, une anecdote surréaliste qui souligne la complexité de la nature humaine et de l’histoire criminelle. De plus, on raconte que Laurent Ruquier a racheté le four dans lequel Landru aurait fait brûler ses victimes, un acte macabre qui rappelle la fascination persistante autour de cette figure sinistre de l’histoire française.

Contexte sociale et mythe populaire

Le contexte social dans lequel l’affaire Landru s’est déroulée était marqué par une époque de bouleversements, notamment la Première Guerre mondiale. La société française était traumatisée par les horreurs de la guerre et par les pertes massives en vies humaines. Dans ce contexte, certaines personnes voyaient en Henri-Désiré Landru un moyen de mettre de l’ordre dans une société marquée par l’instabilité et la désolation. Landru était souvent décrit comme un homme charismatique, intelligent et habile à tromper les autres. Sa capacité à séduire et à escroquer des femmes riches et isolées était vue par certains comme un moyen de rétablir un certain équilibre social, en punissant les personnes perçues comme cupides ou immorales. Cependant, cette vision de Landru comme un « nettoyeur social » était largement déformée, car ses crimes étaient en réalité motivés par la cupidité et la cruauté. Malgré cela, le soutien dont il a bénéficié dans certains cercles sociaux témoigne de la complexité des réactions humaines face à la criminalité et à la perturbation sociale.

Le Jack l’Eventreur français

Tout comme Jack l’Éventreur est devenu une figure emblématique du crime en série à Londres à la fin du XIXe siècle, Henri-Désiré Landru est devenu son homologue français au début du XXe siècle. Les deux criminels ont captivé l’imaginaire collectif en commettant des meurtres horribles, en échappant à la justice pendant un certain temps, et en laissant derrière eux des mystères non résolus. Leurs histoires ont suscité une fascination durable et ont inspiré de nombreuses adaptations littéraires, cinématographiques et artistiques, tout en gardant une part importante de mystère autour de leurs véritables identités et motivations. Les noms de Jack l’Éventreur et du « Barbe-Bleue de Gambais » restent ainsi associés à l’obscurité du crime en série dans les annales de l’histoire criminelle.

L’affaire Landru a laissé une empreinte profonde dans la culture populaire française, alimentant de nombreux mythes et légendes. Henri-Désiré Landru est devenu une figure emblématique du crime en série en France, et son histoire a inspiré de nombreuses adaptations artistiques, du cinéma au théâtre, en passant par la littérature. Cependant, il est important de noter que bon nombre de détails de sa vie et de ses crimes sont entourés de mystère et de spéculations, car les preuves réelles étaient limitées. Par exemple, les corps de ses victimes n’ont jamais été retrouvés, ce qui a alimenté des théories et des récits fantaisistes sur son mode opératoire. De plus, le charme et la répartie dont Landru aurait fait preuve lors de son procès ont également contribué à la création d’une image mythique du tueur en série. En fin de compte, le véritable Landru demeure en grande partie un mystère, mêlant la réalité des crimes horribles qu’il a commis avec les éléments romancés et exagérés qui ont contribué à forger sa légende dans la culture populaire.

Le profil psychologique complexe

Le profil psychologique d’Henri-Désiré Landru révèle une complexité troublante. Bien qu’il ait été décrit comme un ancien enfant de chœur et un fils unique choyé et aimé, ces éléments de sa jeunesse contrastent fortement avec les crimes horribles qu’il a commis plus tard dans sa vie. Son intelligence, son charme et sa capacité à manipuler les autres témoignent d’une personnalité intrigante, capable de séduire ses victimes et de les escroquer.

Cependant, ses tendances criminelles ont émergé à travers une série d’escroqueries avant de basculer dans des actes de violence extrême. Les motivations exactes derrière ses crimes restent floues, mais il est clair que la cupidité et une cruauté insondable ont joué un rôle central. L’énigme entourant Landru persiste, laissant place à des interprétations divergentes de sa psychologie et de ses mobiles.