Pour l’année 2022, le Japon dénombre 514 suicides en milieu scolaire. Ce chiffre alarmant attire l’attention et on ne peut nier les sous texte du dernier film de Keiichi Hara, Le château solitaire dans le miroir. Il explore les répercussions du harcèlement scolaire comme la phobie scolaire ou encore des suicides.

Plongez dans l’univers enchanteur de Keiichi Hara : un savant mélange de drame, de fantastique et d’émotions profondes. Sous la brillante plume de Miho Maruo, l’intrigue suit Kokoro, une jeune fille dont la vie bascule lorsque, de manière mystérieuse, un miroir dans sa chambre commence à scintiller. Dès qu’elle effleure le miroir, elle se retrouve transportée dans un château féerique, où une mystérieuse fillette masquée lui propose un défi des plus intrigants. Pour réaliser un vœu, Kokoro doit accomplir ce défi en l’espace d’une année. Néanmoins, elle n’est pas seule dans cette aventure, car six autres adolescents partagent le même objectif.

Le film tente de montrer que rien dans la vie n’est insurmontable et qu’on doit trouver le temps nécessaire pour devenir plus fort. L’héroïne et ses différentes camarades vont apprendre à se faire confiance et l’idée de la responsabilité partagée est un exercice assez radical pour quelqu’un souffrant de phobie scolaire et ayant perdu toute confiance en ses paires.

Le décrochage scolaire au Japon et les hikikomori

Afin de lutter contre les suicides et le décrochage scolaire, le Japon a mis en place des écoles alternatives pour les enfants en décrochage scolaire. Le rythme scolaire est adapté et cherche à recréer du lien entre les élèves et le système scolaire.

La phobie scolaire décrite dans « Le château solitaire dans le miroir » présente une étrange similitude avec une pathologie qui touche les Japonais depuis les années 90 : les hikikomori. Dans le film, le réalisateur met en lumière la souffrance des enfants confrontés à l’environnement scolaire, illustrant ainsi le désarroi face aux exigences de la société moderne.

De manière semblable, la crise économique qui frappe le Japon depuis les années 1990 a donné naissance à un phénomène singulier : les hikikomori. Principalement des jeunes hommes, ils se recluent chez eux pendant des mois, parfois des années, s’appuyant souvent sur le soutien de leurs parents pour survivre. Le parallèle réside dans leur retrait de la vie sociale, leur refus de travailler ou d’étudier, sans pour autant souffrir de problèmes mentaux spécifiques. Les personnages tels que Fuminori Akoa, figé dans sa chambre depuis un an, reflètent les hikikomori qui évitent le regard critique de la société en se cachant.

Tout comme ces derniers, ils souffrent d’un sentiment de perte de repères, de la difficulté à s’insérer dans un système où les modèles traditionnels semblent s’effriter. L’individualisme grandissant au Japon, qui contraste avec le passé collectiviste du pays, pourrait également contribuer à ce repli, où être un hikikomori devient une forme de protestation. Cette situation, qui touche désormais un large éventail d’âges et même les zones rurales, représente un enjeu social majeur, avec des efforts pour réintégrer progressivement ces individus dans la société, à l’instar des thérapies de réinsertion professionnelle.

La journaliste JULIE LACAZE décrit et analyse les Hikikomori dans un article

Le conte le meilleur médium pour comprendre la noirceur de ce monde :

Dans le roman et dans le film Le château solitaire dans le miroir, le motif du miroir se révèle être une métaphore profonde de la quête d’identité et de la complexité de la réalité. Le miroir agit comme une passerelle entre les mondes, reflétant à la fois les apparences tangibles et les dimensions intérieures des personnages. Il incarne l’idée que la perception de soi et du monde est souvent déformée, offrant des reflets déconcertants et parfois trompeurs. Les personnages se trouvent face à leurs propres images dans le miroir, explorant leurs doutes, leurs désirs et leurs conflits internes.

En parallèle, le miroir suggère la fragilité des frontières entre le réel et l’imaginaire, invitant les lecteurs à remettre en question leur propre perception de la réalité. De ce fait, le miroir dans le roman devient une représentation subtile des strates de l’existence, où la vérité et la fiction s’entremêlent, évoquant la quête universelle d’authenticité et de compréhension de soi.

De même, le miroir nous donne une vision de nous-même, une vision qui n’est pas réellement la vérité. Dans le contexte du récit, bien que magique, le miroir dépasse sa fonction traditionnelle de simple reflet pour incarner une réalité sublimée, empreinte de complexité et de mystère. Il ne se contente pas de reproduire fidèlement l’apparence physique des personnages, mais agit plutôt comme un prisme déformant à travers lequel les émotions, les désirs et les tourments internes prennent forme. Dans le miroir, tout est possible, tout est accessible !

Cette sublimation symbolique offre un accès à un monde qui transcende notre réalité et ses règles pour révéler des aspects cachés et profonds de la psyché humaine. C’est dans ce monde alternatif que l’on peut explorer la dichotomie entre l’extérieur et l’intérieur, entre le palpable et l’impalpable, et souligne le plus important : la véritable réalité est souvent bien plus complexe et nuancée que ce que l’on peut percevoir à première vue, mais il ne faut jamais abandonner, car il y a un héros qui sommeil en nous !

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6 septembre 2023 en salle / 1h 56min / Animation, Drame, Fantastique
De Keiichi Hara
Par Miho Maruo
Avec Shingo Fujimori, Rihito Itagaki, Yûki Kaji
Titre original Kagami no Kojou