Un film sombre qui dévoile le quotidien de ces travailleurs qui font tourner des pays, tout en ayant l’obligation de rester des fantômes. À travers une esthétique froide et travaillée, le réalisateur nous dévoile un quotidien rude marqué par une violence au travail, violence psychologique. Tout cela dans l’espoir de gagner assez d’argent pour obtenir une vie meilleure.

Le film met en place une ambiance parfois terrifiante et tout semble voué à la pourriture et anti-espoir. Les différentes séquences mettent en avant l’obscurité, les ténèbres et même la tendresse prend la forme de violence comme la puanteur des volailles qui meurent et dont le sang stagne jusqu’à pourrir.

Ce film devient après toute attente une fable sociale sur la nouvelle sélection naturelle socioéconomique. Avec une mise en scène presque onirique lors des prises de vue dans la caravane. Le réalisateur parvient en mélangeant ces différents lieux et ces différents parcours de vie à faire jaillir le sublime et la beauté dans cette apocalypse des sens. Un Art du verbe maîtrisé qui pourrait relier Marco Martins à ces talentueux poètes du mouvement romantique. Un art du beau et du sublime dans ce que le commun des mortels va mettre de côté ou simplement ignorer.

Si le travail effectuer sur les sens et les ambiances est excellent, Tânia elle-même possède une figure très romantique, elle aspire à quitter Great Yarmouth situé dans le Norfolk afin d’ouvrir un hôtel destiné à accueillir des retraités. Un rêve américain à la britannique pour s’élever loin de cette condition sociale.

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6 septembre 2023 en salle / 1h 53min / Drame
De Marco Martins
Par Marco Martins, Ricardo Adolfo
Avec Nuno Lopes, Beatriz Batarda, Kris Hitchen
Titre original Great Yarmouth: Provisional Figures

Quelques mots autour du film :

Un automne à Great Yarmouth explore de manière franche et brutale la réalité triste et violente de l’exploitation des migrants portugais dans la région du Norfolk. Le réalisateur à travers ce film dévoile son point de vue et traite d’une manière presque naturaliste et anthropologique de la crise 2009-2014. Une métamorphose de la société menant vers une forme de politiques néolibérales.

À l’origine, Un automne à Great Yarmouth trouve ses racines dans une pièce de théâtre écrite par Marco Martins. Cependant, le film ne se contente pas de transposer la pièce à l’écran, mais plutôt de prolonger les investigations du réalisateur engagées pour le théâtre. Marco Martins partage ses premières impressions : « Lors de ma première visite à Great Yarmouth en 2016, après le tournage de Saint-Georges, j’ai découvert une ville qui avait jadis été une destination prisée de la classe moyenne anglaise. Aujourd’hui, elle se dresse comme une cité fantomatique où réside une importante communauté de migrants portugais. »

Au fil des rencontres et des échanges, Great Yarmouth est devenue pour lui le symbole paradoxal de notre société et de ses conditions de vie. Selon lui, le monde a beaucoup changé depuis la crise de 2009, entrant dans une austérité injuste où l’on blâme et exploite la classe ouvrière. Ce système a normalisé l’exploitation des travailleurs, ignorant les valeurs humaines et sociales. Dans le contexte de Great Yarmouth, ces migrants portugais sont privés de droits. Quand ils tombent malades ou sont blessés, ce qui arrive fréquemment, ils n’ont ni soutien ni couverture. Ils se situent au plus bas de l’échelle sociale. C’est cette déshumanisation qui m’a captivé. Je voulais mettre en lumière cette détresse tout en donnant une voix à ces travailleurs. »

Un automne à Great Yarmouth s’inscrit comme un diptyque aux côtés de Saint-Georges, partageant Nuno Lopes dans la distribution. Le réalisateur voit dans chacun des personnages le symbole d’un espoir d’un meilleur avenir, où la famille tient une place importante. Même si, Tânia ne croit plus au système, elle est à la fois ambiguë et tragique dans sa manière d’être en devenant une contradiction d’elle-même.