Aller dans une cinémathèque ou dans le grenier d’un aïeul est le meilleur moyen de faire ressurgir sur un écran les vestiges du passé. Le film Fermer les yeux de Victor Erice, prévu pour le 16 août 2023 nous dévoile cet amour du cinéma. Présenté en avant-première au Festival de Cannes 2023 dans la catégorie Cannes Première, ce long métrage promet de plonger les spectateurs dans une quête captivante à travers le temps.
Mettant en vedette Manolo Solo, José Coronado et Ana Torrent, le film raconte l’histoire de Julio Arenas, un acteur célèbre disparu mystérieusement pendant le tournage d’un film il y a plus de deux décennies. L’enquête officielle conclut à un accident, mais une émission télévisée ravive le mystère, mettant en lumière le devoir de mémoire et la mélancolie qui accompagnent les vestiges du passé. En se penchant sur le destin de Julio à travers les yeux de son ami et réalisateur Miguel Garay, Fermer les yeux nous invite à réfléchir sur notre propre rôle en tant que témoins de l’Histoire cinématographique.

À travers ses images nostalgiques et sa trame énigmatique, Fermer les yeux explore la relation complexe entre le cinéma sur pellicule, qui représente une part précieuse mais fragile de l’Histoire du 7e art, et les enregistrements numériques, dont la pérennité reste incertaine. Le film soulève des questions essentielles sur la préservation de notre patrimoine cinématographique et notre responsabilité en tant que gardiens de ces témoignages éphémères du passé. Cette réflexion profonde sur le passage du temps et la manière dont les souvenirs se dégradent avec le temps résonne puissamment à l’ère de la technologie numérique, où les formats et les supports évoluent constamment.
En explorant le mystère de la disparition de Julio Arenas à travers les yeux de Miguel Garay, Fermer les yeux nous plonge dans une méditation poignante sur la nostalgie, la perte et la quête de vérité. Le film nous rappelle que chaque image, chaque pellicule, chaque instant capturé à l’écran est un témoignage de notre propre existence, et que la mémoire collective du cinéma doit être chérie et préservée. Alors que nous nous préparons à découvrir ce voyage cinématographique captivant. Ce film nous invite à réfléchir sur notre propre rôle en tant que spectateur actif ou passionné de l’Histoire du Cinéma, et à savourer chaque instant fugace de lumière et d’ombre qui danse sur l’écran, laissant derrière lui une empreinte indélébile dans le tissu de notre culture visuelle.
Une chose qu’on oublie avec les années, une projection d’un film sur pellicule est un instant unique et magique que le numérique n’a jamais réussi à proposer. De même, le cinéma est une expérience à la fois singulière et collective. Aller au cinéma permet de vivre un moment de partage unique qui ne peut pas se vivre en étant seul devant son écran d’ordinateur, mis à la merci de toutes les distractions du quotidien. La salle de cinéma est un sanctuaire, un lieu clos où le spectateur accepte de se couper du monde le temps d’un instant.

Le cinéma, en tant qu’art complexe et multidimensionnel, forge des liens profonds entre les cinéphiles, les réalisateurs et les gardiens du patrimoine cinématographique. Au sein de cette communauté passionnée, certains films demeurent des joyaux méconnus, trouvant refuge dans l’intimité de quelques salles obscures, loin des projecteurs médiatiques. « Ils ont voulu jouer les quotas » s’exclame l’ami réalisateur.
Pour les cinéphiles, ces œuvres marginales suscitent une quête incessante de découvertes cinématographiques uniques, les poussant à explorer les recoins les plus sombres de l’histoire du cinéma. Cependant, cette relation entre les créateurs et les aficionados ne s’arrête pas là, car elle s’étend aux gardiens dévoués du passé cinématographique. Ces curateurs, ces conservateurs d’un art fragile et précieux, qui agissent pour un métier qui n’est pas rentable et qui depuis peu coûte énormément puisque plus personne n’a des projecteurs pour voir ces pellicules.
Les curateurs d’un Art invisible et éphémère
Les conservateurs de pellicules, ces gardiens zélés du cinéma sur pellicule, se dressent comme des sentinelles dans un monde en évolution constante. Leur préoccupation légitime repose sur la préservation de l’intégrité visuelle des films lors de leur passage au format numérique, puis à la télévision. Le respect scrupuleux du ratio d’image original, qui peut varier d’un film à l’autre, est au cœur de leurs inquiétudes. La numérisation et la diffusion peuvent altérer la vision artistique du réalisateur, transformant parfois une expérience visuelle immersive en une représentation déformée. Ainsi, les conservateurs veillent à ce que chaque plan, chaque scène, soit transmis fidèlement à travers les générations, préservant l’essence même de ce qui rend le cinéma si captivant et mémorable.
Le film témoigne aussi du rapport de la mémoire et de l’archive, de cette nécessité à savoir écouter et recueillir le récit de ses paires :
Dans ce mariage entre passionnés, réalisateurs et gardiens du patrimoine cinématographique, réside une quête commune : celle de préserver la magie du cinéma dans sa forme la plus authentique. Malgré les défis de la numérisation et de la distribution limitée, cette alliance témoigne de l’engagement indéfectible envers un art qui transcende le temps et l’espace, reliant les générations et les cultures à travers les émotions et les récits qui prennent vie sur grand écran. Fermer les yeux est un film invitant à la contemplation où son ambiance en huis clos séduira les amoureux d’un art rendu éphémère par la course technologique.
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16 août 2023 en salle / 2h 49min / Drame
De Victor Erice
Par Victor Erice, Michel Gaztambide
Avec Manolo Solo, José Coronado, Ana Torrent
Titre original Cerrar los ojos
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