Le film est au cinéma et cartonne. Pourtant, le monde de Barbie n’a jamais été aussi rose. Pendant longtemps, on a dénoncé la légendaire poupée comme étant le symbole de la femme enfermée dans un rôle très strict. Cependant, au fil des années, Barbie s’est métamorphosée pour devenir le reflet de la société en endossant des rôles tels que médecin, vétérinaire, et même en proposant des versions représentant différentes ethnies.
L’histoire d’un tube et de longs procès
En 1997, un groupe danois nommé Aqua s’est lancé à la conquête du monde avec un single qui allait devenir l’un des morceaux les plus célèbres de la décennie, mais également l’un des plus controversés voire détestés. Vingt-cinq ans après les faits, alors que la poupée Barbie de Mattel fait son retour avec le film de Greta Gerwig, il est temps de se pencher sur l’histoire de « Barbie Girl » d’Aqua, un tube dont l’accroche reste indélébile dans nos esprits.
En relisant les paroles du tube, on se demande si le groupe dénonce ou participe à la société de la femme objet. Quand on connaît le contexte du tournage du clip, on peut se demander si la dénonciation n’est pas la réponse la plus adéquate ! Le clip hautement cartoonesque de « Barbie Girl » a également contribué à son succès. Aqua n’a pas lésiné sur les éléments typiques de la poupée Barbie, avec une décapotable rose, un cheval, une maison avec piscine gonflable dans un studio, et les membres du groupe se glissant dans les rôles de Barbie et Ken, dans un style parodique et exagéré.
Mais le tournage n’a pas été une simple entreprise ! Le clip aurait dû être tourné plus rapidement si la chanteuse Lene Nystrom avait accepté de porter une perruque blonde pour ressembler davantage à Barbie. Cependant, elle a refusé catégoriquement, estimant que cela contredirait le véritable message de la chanson, qui encourage à s’accepter tel que l’on est. Cette prise de position a conduit à quelques désaccords sur le tournage, mais elle est restée ferme dans sa décision.
Retour en 97
L’année 1997, marquée par des albums sérieux unanimement acclamés, a également connu une déferlante de chansons pop légères comme « MMMBop » des Hanson, « Tubthumping » de Chumbawamba et les tubes des Spice Girls, qui régnaient en maîtres (la fameuse Spice Mania).
En septembre de cette même année, un phénomène ultra-coloré et kitsch venu du Danemark et de Norvège a envahi les ondes européennes. Aqua, composé de quatre membres, a conquis le continent avec « Barbie Girl« , un morceau irrésistible porté par la voix suraiguë et presque gonflée à l’hélium de la chanteuse Lene Nystrom. Dans cette chanson, elle incarne un cliché de la bimbo Barbie, face à un Ken chauve (René Dif) s’adressant à elle avec des connotations quasi-pornographiques.
Avec des accords accrocheurs et une rythmique vive dépassant les 120 bpm, « Barbie Girl » s’est imposée comme la quintessence de la bubblegum pop, une sucrerie amusante qui ne se prend pas au sérieux.
Comment est née la chanson ?
L’idée de cette chanson est venue au troisième membre d’Aqua, Soren Rasted, lorsqu’il a visité une exposition où des poupées Barbie assemblées en boule formaient une planète. Cette œuvre kitsch lui a inspiré les phrases désormais cultes du morceau, « Life in plastic, it’s fantastic« , puis « Come on, Barbie, let’s go party« , qui ont changé le destin du groupe qui, jusqu’alors, n’avait sorti qu’un single confidentiel sous le nom de Joyspeed (« Itzy Bitzy Spider »).
Aqua n’a pas beaucoup réfléchi aux paroles avant de les écrire, reconnaissant avoir voulu se moquer du fantasme incarné à l’époque par la Pamela Anderson d’Alerte à Malibu, ainsi que de la montée en popularité de la chirurgie plastique.
Néanmoins, dès sa sortie, « Barbie Girl » a été interprétée de manière contradictoire. Pour certains, il s’agit d’une chanson anti-féministe qui dégrade la femme en la réduisant à un jouet sexuel, tandis que pour d’autres, elle est vue comme un hymne moquant les clichés et la sexualisation associés à Barbie.
Le géant Mattel poursuit Aqua en justice
L’ironie de la situation s’est révélée lorsque Mattel, la société qui commercialise Barbie, a poursuivi Aqua en justice pour violation de copyright et pour avoir transformé la poupée innocente en objet sexuel avec les paroles utilisant le terme de « blond bimbo girl ». Pendant des années, Mattel avait d’ailleurs intenté des poursuites contre le groupe pour avoir utilisé l’image du produit sans l’accord officiel du propriétaire de la licence.
Ce long feuilleton judiciaire s’est achevé en 2002 devant la Cour suprême des États-Unis, qui a donné raison à Aqua en reconnaissant le droit à la parodie. La phrase « the parties are advised to chill » a conclu ce jugement devenu célèbre.
En 2009, c’est la surprise générale quand Mattel choisi de faire enregistrer une version soft de la chanson pour son spot officiel !
Le tube et ses chiffres !
Cependant, le succès planétaire de Barbie Girl n’a pas été entaché par cette affaire. Le single s’est écoulé à plus de huit millions d’exemplaires dans le monde et a atteint la première place des charts dans une douzaine de pays européens, ainsi que sur le marché américain.
Bien que le single ait été désigné comme la « pire chanson des années 1990 » par les lecteurs du magazine Rolling Stone en 2011, elle reste incontestablement emblématique de cette époque. De nos jours, elle connaît même un regain de popularité auprès d’une nouvelle génération, attirée par la nostalgie des années 1990.
Pour Aqua, « Barbie Girl » ne les a pas enfermés dans la catégorie des « one-hit wonders », car le groupe a sorti d’autres tubes à succès, tels que « Doctor Jones » et « Turn Back Time« . Après quelques années de pause, Aqua s’est concentré sur les tournées et la réédition de leur premier album « Aquarium », tandis que leur dernier album à ce jour, « Megalomania« , est sorti en 2011.
Bien que le morceau dans sa version originale ne soit pas inclus dans la bande-originale du film Barbie de Greta Gerwig, Aqua sait que « Barbie Girl » restera indéniablement un tube qui marque les esprits, avec son accroche intemporelle et ses paroles au double sens. Une chanson qui, malgré les controverses, a marqué l’histoire de la pop culture. On aime chanter ces quelques lignes accrocheuses, on aime les siffler, Aqua a définitivement su entrer dans la Culture populaire et le restera probablement pour des siècles !
Aqua et les projets solos
En 2003 et 2004, les membres d’Aqua ont choisi des chemins différents dans l’industrie musicale après leur séparation. René Dif a tenté une carrière solo avec un certain succès, mais a ensuite décidé de se lancer dans le rugby et a également fait des apparitions dans des films. De son côté, Lene Grawford Nystrøm a sorti un album solo, mais celui-ci n’a pas rencontré le succès escompté. Elle a toutefois contribué à des œuvres caritatives après le tsunami de 2004. Søren Rasted a réussi sa reconversion en produisant pour d’autres artistes avant de lancer son projet Lazyboy, qui a rencontré un grand succès. Il a également formé le duo Hej Matematik avec son neveu. Enfin, Claus Norreen est resté discret dans l’industrie musicale, continuant le remixage sous le pseudonyme de Danny Red. Chacun a poursuivi sa route de manière individuelle après la fin du groupe Aqua.
Sources : Alexis Lebrun • Fantastique et plastique- Jack
Aqua, Wikipedia
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Une réflexion sur “Barbie Girl, un tube à l’histoire pas si rose / Aqua”