Le dernier film de DANIEL GOLDHABER montre comment notre société est construite sur des fondations fragiles. Tels des colosses aux pieds d’argiles, il suffit d’un petit élément qui dérape pour que tout s’effondre.
Il est fascinant de découvrir les vocations et les motivations des activistes à travers ce film. Chaque membre du groupe qui cherche à créer une crise pour éveiller les consciences a une cause précise pour laquelle il veut agir. Alors que le monde s’effondre sous le poids des intérêts personnels et des plaisirs éphémères, il devient parfois nécessaire de faire du bruit pour être véritablement entendu. Sabotage apparaît ainsi comme un film politique et engagé, mais sa force réside dans sa capacité à présenter les motivations variées des différents protagonistes de cette opération. Certains cherchent à transmettre un message, d’autres sont animés par la colère envers la société, tandis que certains sont pleinement conscients de la situation critique dans laquelle nous nous trouvons et cherchent simplement à apporter l’éveil à leurs concitoyens.

Une adaptation cinématographique au code du film de braquages :
Le film SABOTAGE présente un intérêt social significatif en abordant des problématiques actuelles et en les confrontant au langage du cinéma hollywoodien. L’adaptation du livre de Andreas Malm, Comment saboter un pipeline ?, en un film narratif était un défi complexe, mais passionnant. L’idée de confronter les idées abstraites du livre aux codes du film de braquage permet de créer une narration captivante tout en explorant des questions sociales et politiques. On a l’impression de voir un Ocean’s twelve ou un Mission : Impossible, où l’enjeu sur le plan didactique serait bien plus fort.
Le film offre une réflexion sur l’identité américaine et les révolutions sociales en cours, en proposant une histoire captivante et brutale à la fois par la portée politique du film. En adoptant une approche indépendante de production, SABOTAGE se positionne en tant que manifeste du cinéma contre les modèles des studios hollywoodiens, offrant ainsi une alternative engagée et stimulante pour le public.
La production ultra indépendante de SABOTAGE joue un rôle clé dans la représentation de nouvelles voix et dans la création d’un cinéma en phase avec les préoccupations du public. Le réalisateur peut dire les choses comme il estime qu’elles doivent être dites ! En s’éloignant du système traditionnel des studios et en impliquant une équipe qui ne se conformait pas aux normes de l’industrie cinématographique, le film parvient à apporter une perspective authentique et à susciter l’intérêt d’un large éventail de spectateurs.
En sortant de ce film, il y a comme une bombe qui aurait explosé dans notre esprit. Sabotage offre une prise de conscience aux spectateurs, celle d’un besoin vital de cesser notre vie autocentrée :
En sortant de ce film, il y a comme une bombe qui aurait explosé dans notre esprit. Nous prenons conscience que notre confort individuel n’est pas mérité et que certaines personnes ayant déjà fait des actes forts mériteraient plus de sympathie et de reconnaissance de la part du public. Cet effet ne peut avoir lieu qu’en ayant une vraie production indépendante, offrant plus de liberté au réalisateur sur le plan du récit et du montage.
Une analogie entre les héros du film et l’équipe du film :
Le choix de produire SABOTAGE en mode ultra indépendant résonne comme une belle analogie avec l’équipe du film qui met en place le sabotage. Tout comme ces personnages variés qui s’unissent pour accomplir une mission audacieuse, l’équipe de production a décidé de s’éloigner du moule des studios hollywoodiens et de créer leur propre chemin. Ils ont délibérément évité les circuits traditionnels, se passant d’agents et de sessions de pitch, et ont cherché des financements de manière alternative, en s’incrustant dans des fêtes ou en utilisant les revenus d’un jeu vidéo. Cette démarche s’apparente à celle des protagonistes qui contournent les systèmes établis pour réaliser leur action subversive.

Tout comme les saboteurs du film, l’équipe de production a dû faire preuve de créativité, de débrouillardise et de détermination pour mener à bien leur projet. Ils ont embrassé une vision collective, accordant à chacun une voix et un rôle équivalents, défiant ainsi l’idée d’un seul capitaine à bord. Cette manière de travailler en ultra indépendance, en se libérant des contraintes et des normes imposées par l’industrie cinématographique, a permis à l’équipe de donner vie à un film engagé et pertinent.
Le parallèle entre le sabotage dans le film et la démarche ultra indépendante de la production est saisissant. Cela témoigne de la volonté de l’équipe de se battre contre un système économique établi qui ne répond plus aux attentes du public et de proposer une alternative artistique et politique. Leur travail acharné et leur dévouement reflètent l’esprit de résistance des saboteurs, prêts à affronter les obstacles pour défendre leurs convictions. Cette belle analogie entre l’équipe mettant en place le sabotage et celle réalisant le film, démontre leur volonté de contourner les règles établies afin de faire entendre leur voix de manière authentique et subversive.
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26 juillet 2023 en salle / 1h 44min / Thriller
De Daniel Goldhaber
Par Daniel Goldhaber, Ariela Barer
Avec Ariela Barer, Kristine Frøseth, Lukas Gage
Titre original How To Blow Up A Pipeline
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