Parler d’un récit d’une mère et de son fils, montrer la cassure et l’irréparable. C’est cette lourde tâche que le dernier film du réalisateur FYZAL BOULIFA dévoile. En respectant le principe de réalité, sans chercher à dévoiler plus ou moins, il y a une forme de tendresse qui se dégage des deux personnages que l’on a envie de sauver. Hélas, la vie n’est pas comme dans les bandes dessinées, quand nous sommes maudits, tout s’enchaîne et se persuade de mériter ces malheurs. Les damnés ne pleurent pas, dresse le récit de deux héros dramatiques attendant la délivrance, qui est toujours accompagnée d’une facture trop lourde à honorer. Ils vont et viennent comme deux âmes perdues dans un enfer de précarités.
Être un fils sans père, une mère sans époux : analyse d’une société compliquée
Le réalisateur explique en interview que l’histoire lui est venue à la suite de différentes expériences et événements. En réalisant un court-métrage au Maroc, il a été inspiré par un événement vécu par sa mère lorsqu’elle était adolescente. Cela lui a donné l’envie de tourner un long-métrage dans ce pays. De plus, un scandale familial l’avait également marqué, mettant en évidence la complexité des relations affectées par la honte dans une société impitoyable. Ces expériences personnelles ont conduit à la création des personnages principaux du film.

En regardant ce film, on pense énormément à Pasolini pour sa manière de révéler l’âme de ses personnages. Il y a comme un châtiment divin qui s’abat sur ces héros en quête de délivrance. Une rédemption imposée avec aucune échappatoire puisqu’ils sont comme maudits. Bien que le réalisateur ne mentionne pas explicitement comment Pasolini a influencé son travail, on souligne cette ambiance réaliste et proche du naturalisme. Par ce traitement brut du réel, le réalisateur souligne la dimension sociale du film : en mettant en lumière les conditions de vie et de travail précaires des personnes invisibles, nombreuses et dépourvues de sécurité sociale et de papiers dans leur propre pays. Cet aspect du film rappelle le réalisme et l’engagement social présents dans de nombreux films de Pasolini.
Le film s’inscrit dans la continuité des films de Pasolini en explorant les questions sociales et en offrant une réflexion critique sur la condition humaine. Cette influence se manifeste à travers la mise en scène de la dure réalité et la représentation des luttes quotidiennes des personnes invisibles et dépourvues de droits dans leur propre pays.
Du drame social à la quasi-tragédie :
Ce traitement particulier du cadre social de ses personnages semble être la préoccupation du réalisateur, qui déjà auparavant dans son précédant film avait déjà exploré cela en 2019 dans LYNN + LUCY. Entre le néo-réalisme et le mélodrame, tentant tant bien que mal à capturer les réalités de la classe populaire, que ce soit en Angleterre ou au Maroc ; chacun de ses personnages paraissent condamnés à une lutte quotidienne de survie et les combats existentiels. Ils sont tous issus de ces conditions de vie précaires.

Comme dans la tragédie greco-romaine, ils sont faces à des personnes riches et puissantes possédant tout. Ils possèdent tout et ont le pouvoir sur eux, ils sont les nouveaux dieux : ils peuvent t’obtenir des papiers en quelques minutes, ils peuvent t’offrir le luxe et ont le droit de tout reprendre quand bon leur chante ! Ils ont même le droit de braver l’interdit de l’homosexualité sans être inquiété par la justice.
Les Damnés ne pleurent pas est un film qui trouve son origine dans les expériences personnelles du réalisateur, mêlant des histoires vécues et des scandales familiaux. Le réalisateur s’inspire du réalisme et de l’engagement social de Pasolini pour créer un film réaliste, proche du naturalisme, qui dévoile les conditions de vie précaires des personnages marginaux. Le film explore les luttes quotidiennes de survie et les combats existentiels auxquels ils font face, offrant ainsi un regard réaliste sur les aspects sociaux de leur vie.
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26 juillet 2023 en salle / Drame, Romance
De Fyzal Boulifa
Avec Aïcha Tebbae, Abdellah El Hajjouji, Antoine Reinartz
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