L’Île, immersion dans le paradoxe de la liberté et du désir.


Un film sur la solitude traitant du monde, des paradoxes, des dégâts commis par l’Homme sur les océans, des tragédies, des naufrages en mer. La musique en fond souligne un quotidien Sisyphien et l’hypocrisie qui nous entoure nous pousse à nous questionner sur notre liberté et notre importance au sein d’un groupe.

La beauté de ce film réside dans le traitement des sensations et des émotions, où une larme se métamorphose tel un cadeau à nous-même en témoignage de notre humanité. Dans ce film, Robinson est un médecin cultivant sa solitude comme outil salvateur de son humanité. Il veut aider, il cherche à faire le maximum, mais tout semble vain !

Sur cette île de la Méditerranée, les personnages déambulent comme des danseurs. Ils avancent dans ce lieu étrange et fantasmatique où l’on pourrait essayer d’être sauvé de ses désirs et de ses besoins non essentiels. Pourtant, on demeure comme possédé par nos désirs. Étrange d’être possédé par des désirs, car le désir se définie par le manque de quelque chose. En effet, nous désirons ce que nous n’avons pas, lorsque nous l’obtenons le désir s’épuise peu à peu. Le réalisateur arrive à saisir cela et le symbolise par ce Robin sur son rocher qui va swiper sur sa tablette tel un Dieu de désir qui peut choisir ce qu’il veut et ce qu’il ne veut plus. L’arrivée d’une tierce personne est un bouleversement, il essaie de la sauver, de l’emmener dans ce monde de détachement matériel. Le paradoxe de cette situation est l’existence d’un iPad sur une île censée être isolée et sans électricité. Il agit du bout des doigts sur ce monde qu’il se construit de manière onirique, mais ses propres rêves ont souvent un attrait matériel.

Tout cela symbolise le paradoxe de la liberté. Pour être libre, tout individu doit reconnaître sa dépendance envers un système. La liberté s’acquiert par l’acceptation et l’engagement envers des choix et des responsabilités. Elle ne se gagne pas, elle s’obtient en faisant des compromis et en assumant les conséquences de nos actions. La véritable liberté réside dans notre capacité à faire des choix éclairés et à vivre en harmonie avec les règles et les limites qui régissent la société.

Le graphisme est soigné et la douceur de l’animation offre une réactualisation poétique du mythe de Robinson Crusoé. Dans cette fable, l’amour véritable apparaît comme une bouée de sauvetage. Robinson est là sur son rocher avec son iPad à toucher le ciel, à caresser le vide pour animer les créations de l’esprit. Tout comme la question de la notion de liberté, il explore le rapport « sauver-sauvé », « Maitre-élève » qui n’existe qu’à travers la coexistence d’une tierce personne.

Une belle découverte cinématographique. On a beaucoup aimé le graphisme et le propos qui résonne derrière ! Une œuvre singulière à voir plusieurs fois.

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Note : 5 sur 5.

7 juin 2023 en salle / 1h 25min / AnimationComédie musicale
De Anca Damian
Par Anca DamianAugusto Zanovello
Avec Alexandru BălănescuAda MileaCristina Juncu
Titre original The Island


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