A Real Pain, le deuxième long-métrage du réalisateur Jesse Eisenberg, est un buddy movie atypique qui aborde avec finesse le deuil personnel et collectif. Le film suit deux cousins américains, David et Benji, qui se rendent en Pologne pour un « Holocaust tour » après le décès de leur grand-mère, survivante de la Shoah.
Le réalisateur parvient à équilibrer habilement l’humour et la gravité, créant une œuvre qui oscille entre comédie et drame. Les interactions entre les deux protagonistes, interprétés avec justesse par Kieran Culkin et Eisenberg lui-même, sont à la fois drôles et touchantes, reflétant la complexité des relations familiales face au deuil.
Le tourisme mémoriel pour ne jamais oublier
Le film explore le concept de « tourisme mémoriel » en emmenant les personnages visiter des sites comme Auschwitz-Birkenau. Ces lieux, chargés d’histoire, servent de toile de fond à une réflexion sur la transmission de la mémoire et la façon dont les générations actuelles se confrontent à l’héritage de la Shoah.
La mise en scène de Jesse Eisenberg est sobre et efficace, évitant le sensationnalisme souvent associé aux représentations de l’Holocauste. Il opte pour une approche plus intime, se concentrant sur les réactions émotionnelles des personnages face aux vestiges du passé. Cette démarche rappelle le travail de Claude Lanzmann dans « Shoah », qui privilégiait les témoignages et les lieux plutôt que les images d’archives. Ici, le passage dans le camp où l’on voit les différentes étapes de la destruction de l’Être est glaçante, aucune musique, uniquement la voix du guide et des images.
Un film sur deux peines, celle d’un duo et celle d’un peuple
Le film réussit à mettre en perspective la peine personnelle des cousins et celle, collective, du peuple juif. Le film montre comment le voyage en Pologne permet aux personnages de contextualiser leur propre histoire familiale au sein de la tragédie plus large de la Shoah. Cette approche permet au spectateur de réfléchir sur la façon dont le passé continue d’influencer le présent, tant au niveau individuel que sociétal.
A Real Pain est une œuvre nuancée qui aborde un sujet délicat avec sensibilité et intelligence. Jesse Eisenberg parvient à créer un film à la fois drôle et touchant, qui invite à la réflexion sur la mémoire, le deuil et l’identité. En mêlant habilement l’histoire personnelle à l’Histoire collective, le réalisateur offre un regard singulier sur la façon dont nous nous confrontons aux tragédies du passé, tout en soulignant l’importance de ne pas oublier.

Notre avis en 3 points
Un buddy movie atypique
A Real Pain est une œuvre singulière qui conjugue habilement la légèreté d’un buddy movie et la profondeur d’un drame sur le deuil et la mémoire collective. Pour son deuxième long-métrage, Jesse Eisenberg s’attaque à un sujet délicat : la transmission du traumatisme historique à travers les générations. En suivant deux cousins, David et Benji, lors d’un « Holocaust tour » en Pologne après la mort de leur grand-mère survivante de la Shoah, le film confronte l’intime et l’historique avec une justesse remarquable.
Un duo d’acteurs qui fonctionne
L’un des points forts du film réside dans l’alchimie entre Jesse Eisenberg et Kieran Culkin, dont les interactions oscillent entre humour grinçant et moments d’émotion brute. Benji, électron libre au comportement imprévisible, incarne une forme de révolte face aux conventions du devoir de mémoire, tandis que David, plus réservé, tente de donner un sens à cette expérience. Ces deux approches divergentes nourrissent une dynamique à la fois touchante et réaliste.
Une mise en scène sobre
Jesse Eisenberg choisit une mise en scène sobre, évitant tout pathos excessif. À l’image de Shoah de Claude Lanzmann, les lieux de mémoire sont filmés avec pudeur, laissant le spectateur face à leur gravité. A Real Pain est une réflexion puissante sur la douleur individuelle et collective, où l’histoire familiale s’inscrit dans la tragédie plus large du peuple juif.
_________
26 février 2025 en salle | 1h 29min | Comédie dramatique
De Jesse Eisenberg |
Par Jesse Eisenberg
Avec Jesse Eisenberg, Kieran Culkin, Will Sharpe
Explication du titre du film
Le titre A Real Pain du film de Jesse Eisenberg joue sur un double sens astucieux. D’une part, il fait référence à l’expression familière désignant quelqu’un d’agaçant, comme Benji peut l’être pour David. D’autre part, il évoque la douleur réelle et profonde explorée dans le film : le deuil personnel des cousins, le traumatisme transgénérationnel lié à l’Holocauste et les luttes intérieures des personnages. Cette dualité reflète la complexité des thèmes abordés, mêlant comédie et drame, et souligne la relativité de la souffrance face à l’histoire collective.
En savoir plus sur Direct-Actu.fr le blogzine de la culture pop et alternative
Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.


2 réflexions sur “A real pain – Que vaut le Buddy Movie de Jesse Eisenberg ?”