Simone Polak, une survivante de l’Holocauste âgée de 95 ans, a reçu la médaille d’honneur de la ville de Strasbourg le 15 mai 2024, en reconnaissance de son travail inlassable pour préserver la mémoire de la Shoah. Née en 1929 à Saverne, en Alsace, Simone a vécu l’horreur des camps de concentration nazis à un âge où la plupart des adolescents vivent leurs premiers émois.
Une jeunesse volée
En 1940, à l’âge de 11 ans, Simone est contrainte de fuir l’Alsace avec sa mère et son petit frère. Ils trouvent refuge à Gevingey, dans le Jura, où ils vivent dans des conditions « à peu près correctes » jusqu’en avril 1944. Le 27 avril, leur vie bascule lorsqu’un détachement de la Wehrmacht encercle le village et arrête tous les Juifs.
Après un bref passage par le camp de transit de Drancy, Simone et sa famille sont déportées à Auschwitz-Birkenau en mai 1944. À leur arrivée, Simone est séparée de sa mère et de son frère, qui sont immédiatement envoyés à la chambre à gaz. « Ma mère et mon frère sont partis à la douche mortelle », se souvient-elle avec émotion.
L’enfer d’Auschwitz
À seulement 15 ans, Simone est sélectionnée pour le travail forcé. Elle raconte : « On nous a installés nus sur des gradins après nous avoir tondus et tatoués. On nous a jeté ensuite des vêtements qui provenaient des convois précédents. » Dans ces conditions inhumaines, Simone trouve la force de survivre grâce à de petits gestes d’humanité.
« Un regard d’humanité perçu dans le camp était énorme », explique-t-elle. Ces moments fugaces de compassion, aussi rares soient-ils, ont été cruciaux pour maintenir un semblant d’espoir dans cet environnement déshumanisant.
Le long chemin vers la liberté
Après plusieurs mois à Auschwitz-Birkenau, Simone est transférée au camp de Bergen-Belsen, puis à Theresienstadt, en Tchéquie. Elle est finalement libérée par l’Armée rouge en janvier 1945. De retour en France, elle doit faire face à de graves problèmes de santé, notamment une tuberculose osseuse qui la handicape pendant sept ans.
Le devoir de mémoire
Pendant de nombreuses années, Simone garde le silence sur son passé traumatisant. Ce n’est qu’en 2015, lors de la cérémonie du 70e anniversaire de la libération d’Auschwitz, qu’elle décide de partager son histoire. Depuis, elle témoigne sans relâche, en particulier auprès des jeunes générations.
Simone a co-écrit deux livres pour transmettre son témoignage. Le plus récent, intitulé Agis comme si j’étais toujours à tes côtés, reprend les derniers mots que sa mère lui a adressés avant leur séparation. Ce titre poignant illustre la force du lien familial qui a aidé Simone à survivre et à se reconstruire.
Un message d’espoir
Malgré les horreurs qu’elle a vécues, Simone Polak porte un message d’espoir. Elle considère sa famille nombreuse comme « la plus belle revanche sur le nazisme ». Son témoignage rappelle l’importance de la vigilance face à la haine et à l’intolérance, tout en soulignant la résilience de l’esprit humain.
La médaille d’honneur de Strasbourg reconnaît non seulement le courage de Simone Polak, mais aussi son engagement infatigable pour l’éducation et la mémoire. À 95 ans, elle continue de partager son histoire, rappelant à tous l’importance de préserver l’humanité même dans les circonstances les plus sombres.
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