Pupille, du premier regard à l’amour


Avec un titre à double sens « Pupille » de l’État et les pupilles des yeux qui regardent l’enfant avec amour et tendresse, ce film peut faire écho à plusieurs sorties récentes sur l’enfant, le rôle de l’autre et l’éducation. Que ce soit Amanda ou Mauvaises herbes, cette fin d’année est marquée par une qualité de production en France, où nous sommes loin de la simple comédie dramatique ou comédie sentimentale… Ce sont à première vue des films traitant avec sincérité des sujets sociaux. Dans cette macro-sociologie de la famille, deux films posent la question de l’amour, comment peut-on aimer un enfant qui n’est pas le nôtre, comment peut-on l’aider à grandir. Dans son second film, Jeanne Herry s’est penchée sur les semaines où une mère peut encore faire marche arrière pour récupérer son enfant. Cette période où l’enfant est mis dans le foyer d’un assistant familial, le choix d’un homme pour ce film est intéressant, car la profession est principalement exercée par des femmes.

Il faut savoir que cette profession réglementée ne demande pas nécessaire de diplôme et que les agréments sont à renouveler tous les 5 ans. En début de carrière, seulement un enfant est confié à l’assistant, puis il pourra par la suite accueillir jusqu’à trois enfants.

Très inspirée par l’approche de Françoise Dolto, la réalisatrice a fait le choix de plonger le spectateur dans une esthétique du face à face proche du documentaire. Afin de préparer au mieux ce film, on sent qu’elle a fait plusieurs immersions dans le milieu des travailleurs sociaux qui cherchent à aider au mieux l’enfant, lui trouver une bonne famille, mais ce n’est pas si simple, comme le montre le film, parfois certains frères et sœurs se font du mal, mais la profession veut qu’on ne sépare pas les fratries.

Jean, le personnage principal interprété par Gilles Lellouche est touchant, car il a une présence à l’écran et une sincérité qui provoque aux spectateurs un choc. Ces dernières années, nous étions plutôt habitués à le voir dans des rôles de macho ou d’hétéro-beauf.  


La réalisatrice avoue s’être inspirée d’un vrai assistant de famille qui exerce en Bretagne, et cela se voit dans le film. Il y a une réelle magie quand ce personnage rencontre cet enfant que la vie à mal menée dès ses premiers instants. On se demande comme on peut accepter de donner de l’amour à un enfant et des soins puis devoir les laisser partir avec leur famille d’adoption. Comme il est clairement dit dans le film : « Je sais que je n’ai pas le droit de vous contacter… mais si un jour vous avez envie de me donner des nouvelles, n’hésitez pas… »

Si vous vous dites, « Oui, mais c’est son métier ! », il faut admettre que ce travail qui demande beaucoup humainement n’est pas payé aussi bien qu’on pourrait le penser. En général, un assistant familial touche 900€ pour 1 enfant. Une somme assez dérisoire par rapport à l’investissement émotionnel. Au-delà de ce détail, on peut voir l’ensemble des étapes de l’adoption, on peut découvrir comment des familles vont espérer, pleurer, perdre espoir, puis soudain les mots tant attendus « Vous allez avoir un enfant« .

Bravo aux différents acteurs comme Gilles ou encore Élodie Bouchez qui est incroyable dans ce film, ou encore STÉFI CELMA, qu’on a pu découvrir dans la série Dix Pour Cent.

5 décembre 2018 en salle / 1h 50min / Drame
De Jeanne Herry
Par Jeanne Herry
Avec Sandrine KiberlainGilles LelloucheÉlodie Bouchez

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NOTRE NOTE : 17/20
Réalisation 4/5
Scénario 4/5
Musique 4/5
On a aimé 5/5

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